Le Billet de Samantha n° 3 - Décembre 2005

ETT37   


Constat de la situation médicale des personnes transgenre en France

Dans le billet précédent, je vous proposais d'évoquer le triste et affligeant constat de la situation médicale actuelle des personnes transgenre en France.
A cet égard, je me permets, avec son accord, de relayer le document écrit par Cornelia Schneider fondatrice de STS (Support Transgenre Strasbourg), suite à son excellent et patient travail de fond sur le terrain :

Citation
" Sur la base de notre expérience quotidienne du terrain, nous constatons les faits suivants concernant la prise en charge des personnes transgenre :

- En dehors de structures de support comme la nôtre, absence totale d'information publiquement accessible sur la transidentité et la dysphorie de genre : un lourd déficit laissant les personnes concernées dans un douloureux isolement avec leurs interrogations et souffrances.

- Méconnaissance totale des médecins praticiens en termes de transidentité et de dysphorie de genre : Ni formation, ni bibliographie, ni formation continue assurée. Les rares praticiens informés, le sont de leur propre initiative grâce à un travail personnel et des recherches de documentations adaptées. 

- Les praticiens sont totalement démunis face à la souffrance des personnes transgenre et cette vacuité de la connaissance mène à de trop nombreux errements thérapeutiques, fortes tendances à la psychiatrisation systématique découlant de l'ignorance, tentatives appuyées de dissuasion, préconisation de traitements hormonaux inadaptés, parfois destructeurs, en dépit de l'intérêt sanitaire des patient (es).

- Cette situation de méconnaissance quasi-totale entraîne une orientation systématique des personnes transgenre vers les structures soi-disant " officielles " (équipes pluridisciplinaires en milieu hospitalier). Ces équipes réparties
dans quelques grandes villes de France, sont souvent inaccessibles géographiquement à nombre de personnes, et ont tendance à appliquer des " protocoles " abusivement répressifs. La superbe avec laquelle ces équipes accueillent et traitent les personnes transgenre ne semble souvent avoir d'égale que leur incompétence en la matière, poussant ainsi beaucoup de personnes transgenre dans une misère psychique, physique, sociale et médicale réelle, que nous constatons quotidien-
nement sur le terrain.

- Répression croissante délibérée de la Sécurité Sociale envers les praticiens de ville qui suivent les trans, en les menaçant de représailles s'ils continuent à nous prescrire des hormones de façon remboursée (alors que nous avons bien entendu parfaitement droit au remboursement). Voire de menaces directes aux trans, sommé(e) s par la Sécurité Sociale de se rendre chez les équipes "officielles" sous peine de sanctions, ce qui est absolument hallucinant d'illégalité.

- Enfin, nous constatons un état catastrophique de la chirurgie génitale en France. Résultat : les personnes souhaitant une réassignation sexuelle réussie, sont obligées de se rendre à l'étranger, parfois hors Communauté Européenne, où exercent des chirurgiens qualifiés et expérimentés. En outre, le refus quasi systématique par les autorités françaises (notamment la sécurité sociale) du remboursement de tout acte de chirurgie génitale effectué à l'étranger, européen ou non, et au mépris de la législation en vigueur dans l'Union Européenne, renforce la détresse des personnes transgenres, dépourvues de moyens financiers suffisants. "
Fin de citation

Le mois prochain, je vous ferai part de ce pour quoi il nous semble urgent d'infléchir cette situation affligeante dans une France qui s'honorerait d'écouter d'urgence les associations touchées quotidiennement au cœur par bien trop de détresse.               

                                  

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© Samantha Paul, le 1er Décembre 2005- Tous droits réservés ETT37