Le Billet de Samantha n° 12 - Décembre 2006 |
Lettre
ouverte à L’État Français
De :
Support Transgenre Strasbourg
Trans Aide Nancy
Entraide Transgenre Tours
=
Message d'origine =
Lettre ouverte à l'État Français, et notamment à ses administrations
sanitaires et médicales
Aujourd'hui, le 20 novembre, on fête la Journée Internationale à la Mémoire
des Personnes Transgenre Assassinées, aussi appelée TDoR, célébrée par des
centaines de commémorations à travers toute la planète.
Nous, personnes transgenre de France, nous souvenons aujourd'hui de nos confrères
et consœurs assassinéEs dans des crimes de haine, mais nous nous souvenons
aussi des conditions qui les ont forcéEs à vivre une vie
dangereuse : discriminations, exclusion, précarisation, conditions dans
lesquelles les États ont une très grande partie de responsabilité, par leur
refus systématique d'accepter notre différence dans des conditions dignes des
Droits de l'Homme.
En France, ce sont tout particulièrement les administrations sanitaires et médicales
de l'État qui participent à la mise au ban des personnes transgenre : on nous
traite de « malades mentaux », on nous impose illégalement des « protocoles
» médicaux relevant d'une véritable maltraitance autant psychiatrique que
physique, on refuse, en toute illégalité, de prendre en charge nos soins médicaux,
on nous force à l'exclusion sociale par le refus de changer nos numéros de Sécurité
Sociale en fonction de notre identité sociale visible... Démarches ouvertement
discriminatoires qui sont la cause directe d'un énorme taux de précarité
sociale parmi les personnes transgenre de France.
Et comme par hasard, aujourd'hui même, le 20 novembre 2006, se tient en région
parisienne une rencontre
« convoquée » par la Haute Autorité pour la Santé (HAS, ex-ANAES), où les
« parcours » d'un panel de
« patients » transgenre sont « examinés » par des soi-disant spécialistes,
ceci sans aucun doute afin d'en tirer des recommandations de « protocoles » médicaux
à nous imposer dans le futur. Cette rencontre s'est préparée quasi en secret
et dans l'opacité la plus totale quant à la sélection des personnes que la
HAS veut bien condescendre à « examiner » (p.ex. exclusion d'office des
responsables des groupes d'entraide transgenre de
France) : voilà une opération de type « nuit et brouillard » dont les dés
sont à l'évidence pipés d'avance et dont le résultat devrait donc être sans
surprise car connu d'avance par la HAS, et par elle seule. Bref, il s'agit une
fois de plus d'une marque de pur mépris de l'État Français face à ses
citoyenNEs transgenre en besoin de soins et de reconnaissance sociale,
citoyenNEs dont le nombre est tout de même estimé à au moins 60000 à travers
le pays. Et imposer comme date de cette rencontre le 20 novembre, le seul jour
de l'année où les personnes transgenre ont l'occasion de parler d'une seule
voix internationale de leurs souffrances et besoins de vie en liberté, relève
d'un cynisme grotesque, perçu comme une provocation par toutes les personnes
transgenre de France.
Au nom des victimes transgenre, et au nom de toutes les personnes transgenre qui
vivent ici et maintenant dans la souffrance sociale et l'exclusion, nous
exigeons d'urgence de l'État Français :
- d'abolir immédiatement toute psychiatrisation imposée, en touteillégalité,
aux personnes transgenre, ainsi que tous les « protocoles » médicaux ou «
standards de soins » imposés à leur encontre ;
- de poursuivre pénalement tout abus, autant psychique que physique ou sexuel,
commis par un médecin lors de soi-disant « expertises » de personnes
transgenre, p.ex. lors de leur procédure de changement d'état civil ;
- de garantir le libre choix de nos médecins, tel que défini par la Loi en
vigueur ;
- de garantir l'application du remboursement croisé des soins entre l'étranger
et la France, tel que défini par la Loi en vigueur ;
- de décréter le changement du numéro de Sécurité Sociale sur simple
demande, afin de ne plus exclure les personnes transgenre du marché de l'Emploi
;
- de décréter, pour la même raison, le changement d'état civil sur simple
auto déclaration, sans procédures médicales ou juridiques imposées, procédures
contraires aux Droits de l'Homme ;
- de prendre, en accord avec les groupes d'entraide transgenre de France, des
mesures de formation des professions médicales et paramédicales à l'accueil
des personnes transgenre ;
- d'instaurer enfin une vraie collaboration entre autorités et groupes
d'entraide transgenre, et ceci directement au niveau ministériel, pas à des
niveaux subalternes ;
- de mettre enfin en place une vraie politique de prévention de la Haine de la
Différence, contre la transphobie autant que contre l'homophobie, afin que
cessent les agressions et assassinats de personnes transgenre et homosexuelles.
La
loi permettant aux transgenre espagnols de changer juridiquement de nom et de
sexe, sans être préalablement soumis à une
chirurgie de réassignation de sexe, a été adoptée le 7 novembre 06.
Pour
faire établir cette modification il suffira d’apporter la preuve, via un
diagnostic médical de transidentité, attestant d’une vie sociale en accord
avec leur sexe réel.
C’est une avancée sociale importante pour les transgenre en Espagne, dont la
France, État transphobe, pays des inégalités et des injustices en tout genre,
ferait bien de s’inspirer afin de faire cesser la scandaleuse marginalisation
professionnelle de milliers de transgenre. Nous avons hélas encore du pain sur
la planche avec les lascars candidats à la Présidence de la République en
2007…
Mais nous ne comptons pas rester dociles, encore moins silencieuses. (Cf. lettre
ouverte à l'État Français, et à ses administrations sanitaires et médicales).
Émission
radio
Le
samedi 18 novembre 06, le groupe ETT était invité à participer à une émission
radio intitulée « Des ô et débats » sur le thème de la
transidentité. Vous pouvez télécharger
le fichier audio à l’adresse suivante :
18
Nov Transgenre
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© Samantha Paul, le 1er Décembre
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