Le Billet de Samantha n° 13 - Mars 2007 |
L’intolérance,
encore…
La résistance à la bêtise, toujours !!
«
Une marée de peine me submerge. Je cesse de lutter contre ce courant et
m’abandonne à ma détresse. » Alexandre
JARDIN.
Cette
résignation, avec sans doute moins de verve poétique, je l’entends parfois.
Elle m’affecte jusqu’à faire monter en moi une juste exaspération contre
les discriminations qui sont faites aux transgenre.
Les
protocoles qui leur sont imposés par les psychiatres via la sécurité sociale,
derrière lesquels se dissimulent les politiques de notre pays, sont
parfaitement scandaleux, dégradants, méprisables à en vomir.
Cela
dit, les transgenre, au niveau associatif, sont très divisées. Nous y croisons
hélas de nombreuses prosélytes de la soumission, favorables à la démarche
pathologisante de l’État et de ses sigisbées.
Elles
acceptent sans ciller l’idée de monter dans les wagons de la honte et de
l’infamie (cf. ‘’équipes officielles’’), comme aux plus beaux temps
des rafles organisées par la police française sous l’égide de
l’envahisseur.
On
trouve des ‘’nids’’ particulièrement zélés dans la région
Parisienne.
La
province lentement, graduellement, réagit contre ces coupables servilités, via
la création de nouvelles associations qui s’opposent avec vigueur à toutes
formes de pathologisation /psychiatrisation. Elles réclament le droit
fondamental à disposer pour les transgenre, de leur corps et de leur genre,
ainsi que la suppression des protocoles humiliants. De fait, le droit à un
suivi par le médecin endocrinologue de leur choix et sur leur lieu de résidence.
Les
gouvernements successifs, encouragés dans l’arbitraire, surfent allègrement
sur nos providentiels clivages, lesquels accentuent la fragilité de notre
communauté de façon préoccupante et confortent notablement l’autorité des
équipes officielles.
Alors,
dans son coin de province, depuis son petit trou du cul du monde, ETT laisse les
militantes belliqueuses à leur vaines empoignades par forums interposés.
ETT,
conformément à sa déontologie recueille -entre autres- quelques filles
lentement cassées par ces équipes officielles, en essayant de leur donner la
clé et la force qui les feront avancer par elles-mêmes dans leur transition,
via le système D, seule voie en France aujourd’hui pour y parvenir… hélas !
Mais
à quel coût ! Mais au prix de combien de démarches aléatoires auprès
d’interlocuteurs sidérants d’incompétence !
Ce
qui démontre bien à quel point la transidentité reste méconnue dans ce pays,
à cause notamment du déni d’existence régenté par des gouvernants
pusillanimes et des psychiatres obscurantistes.
Ils
favorisent leur parcage dans des hôpitaux ès-transphobie, pour les y laisser
crever à l’abri des regards des braves citoyens qui pourraient être
traumatisés par leur simple différence…
Le
refus de la diversité porte un nom et l’Histoire récente est là pour le
rappeler à tous.
Avec
les candidats en présence à la Présidentielle 2007, rien n’augure la
moindre amélioration pour les transgenre. On peut même craindre avec certains,
des aménagements encore plus contraignants, donc plus discriminatoires si
l’on n’y prend garde.
Le
processus de libre intégration des transgenre dans la société française
prendra hélas encore de très nombreuses années. Beaucoup d’entre nous
n’en verront sûrement pas le bout.
Néanmoins,
j’ai la conviction que si nous ne parvenons pas à démêler promptement le
problème via les élus, nous saurons et devrons, individuellement ou
collectivement le faire progresser positivement via la rue, via les médias. De
plus en plus, nos consoeurs sont visibles à la ville. Elles banalisent ainsi
leur différence dans les mœurs citoyennes.
Notre
ennemie dans la rue n’est pas la méchanceté, c’est l’ignorance…
Les
politiques Espagnols ont ouvert une brèche majeure dans cette plaie
d’infamie, même si leur loi reste bien imparfaite ; et je n’ose croire
que d’autres pays de la CEE n’auront pas un jour la honte au front de rester
à ce point à la remorque sociale de la transidentité. Pour l’heure, j’ai
honte de cette France-là …
Pour
celles qui doutent de leur capacité à surmonter les obstacles hélas nombreux,
je cite cette belle réflexion de Thomas de Quincey :
« Si
vous faites advenir ce qui est à l’intérieur de vous, ce que vous ferez
advenir vous sauvera.
Si vous ne faites pas advenir ce qui est à l’intérieur de vous, ce que vous
ne ferez pas advenir vous détruira. »
A
force de mauvais coups, on cherche un jour à vouloir se sauver…
Certes,
mais pas toujours hélas dans notre pays. Nombre de parcours entamés via les équipes
officielles pour ‘’déviants’ que nous sommes selon ces exécuteurs de
basses oeuvres, peuvent se solder par un suicide, au mieux une tentative :
96% des candidates à la transition pourtant vitale, sont déclarées
‘’inaptes’’ par ces individus, au nom de critères partiaux, dignes de
l’inquisition la plus brutale, la plus inique, la plus cynique. Hier on brûlait
les ‘’sorcières’’, on laisse aujourd’hui se consumer les transgenre
par une lente torture morale.
Et
que croit-on qu’ils fassent de ces personnes après récusation ?
Rien,
rien, RIEN !!
Plus
aucun soutien psychologique, si tant est qu’elles en aient jamais bénéficié.
La
fin d’une folle espérance pour ces trans qui croyaient si aveuglément en eux
et n’imaginaient jamais une telle impasse.
On
les laisse sur le bord du chemin, sans aucun panneau de signalisation pour
s’orienter. Pour seul horizon dans certains cas, la désespérance, le
suicide, la géhenne… Mais de cela, ces apprentis sorciers, ces Pilate de
pacotille s’en lavent bien les mains.
Il
faut dénoncer cette clique : Les équipes officielles sèment le mortel désespoir
parmi les transgenre. Elles mériteraient un procès aux motifs d’abus de
pouvoir et de non assistance à personnes en danger.
La
pathologisation par contrainte, la psychiatrisation transphobe et leurs conséquences
catastrophiques, portent aux transgenre un préjudice considérable à tous égards :
Outre
les avatars décrits plus hauts, ces protocoles laissent intentionnellement
véhiculer, et donc accepter l’idée auprès du grand public, que nous
pourrions être atteintes de pathologies mentales graves (cf. la mention de
« trouble grave de la personnalité et du comportement »), voire
affectées de perversions sexuelles inavouables…
Ce
parcours soit disant imposé est parfaitement culpabilisant. Il laisse présupposer
aux plus fragilisées, qu’elles pourraient être ‘’anormales’’.
Comme si la normalité se nichait dans les seules majorités identitaires…
Par
le biais des équipes officielles auto proclamées, il se crée un parcours
transidentitaire, à deux vitesses au plan financier :
1.
Les bons sujets, parfaitement dociles qui, s’ils satisfont aux critères
absurdes d’aréopages bardés d’incompétence, accèderont aux
‘’soins’’ gratuits
2.
Les autres qui, fort légitimement refusent ce soi-disant passage obligé
tandis qu’aucune loi en France ne l’impose, devront financièrement se débrouiller,
voire en découdre seules dans une jungle administrative, assortie de différences
de traitement assez effarantes, d’une région à l’autre… faute d’une législation
cohérente et tolérante.
C’est
bien là-dessus que spécule la sécu sous l’égide de l’État :
Cette
administration exerce de très fortes pressions sur les endocrinologues et
autres médecins traitants, pour qu’ils ne nous apportent aucune assistance médicale
et nous dirigent systématiquement vers les pseudo équipes spécialisées,
avec pour objet :
1.
Filtrer arbitrairement les bons des mauvais sujets (critères non
conformes)
2.
Frapper là où ça fait mal : Le portefeuille..
C’est
ainsi que les transgenre les moins aisé(e)s, pensent ne pas pouvoir trouver
d’autre issue que les équipes officielles, pourtant souvent fort éloignées
de leur domicile.
Certaines
associations transgenre, dont ETT ou STS (Support Transgenre Strasbourg),
concourent à proposer des solutions alternatives à la ghettoïsation.
Elles
s’opposent fermement à cette méprisable politique de la carotte et du bâton.
Elles
récusent ce dangereux ‘’assistanat’’ anti transgenre, en dépit des
difficultés administratives rencontrées par ailleurs.
Pour
ETT, il convient d’aborder sa transition avec la ferme intention de la réussir
et d’aller au bout. Préserver son libre arbitre. Ne pas accepter les yeux
fermés les soi-disant protocoles faits sur mesure pour les transgenre. Ne
jamais faire la concession d’une quelconque ‘’autorisation’’ de qui
que ce soit. Prendre sa vie en main, ne pas laisser aux autres le soin de décider
pour soi. Garder la maîtrise de son parcours, aller à son rythme. Ne jamais
rien quémander. Affirmer toujours sa détermination.
S’appuyer
sur les personnes utiles. Contourner les nuisibles (Ils foisonnent au m² dans
certaines sphères).
Les
difficultés lors d’une transition sont multiples et vont se nicher là où on
ne les attend pas forcément.
Se
blinder, être prête à tout entendre, y compris parfois les pires avanies et
rester -quoi qu’il arrive- fermement concentrée sur l’objectif :
Réussir
sa transition pour vivre librement sa propre vie.
Et
même si tout semble s’y opposer, rien en fait ne peut résister à la détermination
farouche.
Voilà nos recommandations face à la bêtise (in)humaine, en attendant de significatives améliorations… l’espoir aide à vivre.
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© Samantha Paul, le 1er Mars 2007 - Tous droits réservés ETT37