Le Billet de Samantha n° 13 - Mars 2007

ETT37   


L’intolérance, encore… 
La résistance à la bêtise, toujours !!


« Une marée de peine me submerge. Je cesse de lutter contre ce courant et m’abandonne à ma détresse. » Alexandre JARDIN. 

Cette résignation, avec sans doute moins de verve poétique, je l’entends parfois. Elle m’affecte jusqu’à faire monter en moi une juste exaspération contre les discriminations qui sont faites aux transgenre. 

Les protocoles qui leur sont imposés par les psychiatres via la sécurité sociale, derrière lesquels se dissimulent les politiques de notre pays, sont parfaitement scandaleux, dégradants, méprisables à en vomir.  

Cela dit, les transgenre, au niveau associatif, sont très divisées. Nous y croisons hélas de nombreuses prosélytes de la soumission, favorables à la démarche pathologisante de l’État et de ses sigisbées.

Elles acceptent sans ciller l’idée de monter dans les wagons de la honte et de l’infamie (cf. ‘’équipes officielles’’), comme aux plus beaux temps des rafles organisées par la police française sous l’égide de l’envahisseur.

On trouve des ‘’nids’’ particulièrement zélés dans la région Parisienne.  

La province lentement, graduellement, réagit contre ces coupables servilités, via la création de nouvelles associations qui s’opposent avec vigueur à toutes formes de pathologisation /psychiatrisation. Elles réclament le droit fondamental à disposer pour les transgenre, de leur corps et de leur genre, ainsi que la suppression des protocoles humiliants. De fait, le droit à un suivi par le médecin endocrinologue de leur choix et sur leur lieu de résidence.  

Les gouvernements successifs, encouragés dans l’arbitraire, surfent allègrement sur nos providentiels clivages, lesquels accentuent la fragilité de notre communauté de façon préoccupante et confortent notablement l’autorité des équipes officielles. 

Alors, dans son coin de province, depuis son petit trou du cul du monde, ETT laisse les militantes belliqueuses à leur vaines empoignades par forums interposés.

ETT, conformément à sa déontologie recueille -entre autres- quelques filles lentement cassées par ces équipes officielles, en essayant de leur donner la clé et la force qui les feront avancer par elles-mêmes dans leur transition, via le système D, seule voie en France aujourd’hui pour y parvenir… hélas !

Mais à quel coût ! Mais au prix de combien de démarches aléatoires auprès d’interlocuteurs sidérants d’incompétence !

Ce qui démontre bien à quel point la transidentité reste méconnue dans ce pays, à cause notamment du déni d’existence régenté par des gouvernants pusillanimes et des psychiatres obscurantistes.

Ils favorisent leur parcage dans des hôpitaux ès-transphobie, pour les y laisser crever à l’abri des regards des braves citoyens qui pourraient être traumatisés par leur simple différence…

Le refus de la diversité porte un nom et l’Histoire récente est là pour le rappeler à tous.

Avec les candidats en présence à la Présidentielle 2007, rien n’augure la moindre amélioration pour les transgenre. On peut même craindre avec certains, des aménagements encore plus contraignants, donc plus discriminatoires si l’on n’y prend garde.

Le processus de libre intégration des transgenre dans la société française prendra hélas encore de très nombreuses années. Beaucoup d’entre nous n’en verront sûrement pas le bout.

Néanmoins, j’ai la conviction que si nous ne parvenons pas à démêler promptement le problème via les élus, nous saurons et devrons, individuellement ou collectivement le faire progresser positivement via la rue, via les médias. De plus en plus, nos consoeurs sont visibles à la ville. Elles banalisent ainsi leur différence dans les mœurs citoyennes.

Notre ennemie dans la rue n’est pas la méchanceté, c’est l’ignorance… 

Les politiques Espagnols ont ouvert une brèche majeure dans cette plaie d’infamie, même si leur loi reste bien imparfaite ; et je n’ose croire que d’autres pays de la CEE n’auront pas un jour la honte au front de rester à ce point à la remorque sociale de la transidentité. Pour l’heure, j’ai honte de cette France-là … 

Pour celles qui doutent de leur capacité à surmonter les obstacles hélas nombreux, je cite cette belle réflexion de Thomas de Quincey :

« Si vous faites advenir ce qui est à l’intérieur de vous, ce que vous ferez advenir vous sauvera. 
Si vous ne faites pas advenir ce qui est à l’intérieur de vous, ce que vous ne ferez pas advenir vous détruira.
 »
 

A force de mauvais coups, on cherche un jour à vouloir se sauver…

Certes, mais pas toujours hélas dans notre pays. Nombre de parcours entamés via les équipes officielles pour ‘’déviants’ que nous sommes selon ces exécuteurs de basses oeuvres, peuvent se solder par un suicide, au mieux une tentative : 96% des candidates à la transition pourtant vitale, sont déclarées ‘’inaptes’’ par ces individus, au nom de critères partiaux, dignes de l’inquisition la plus brutale, la plus inique, la plus cynique. Hier on brûlait les ‘’sorcières’’, on laisse aujourd’hui se consumer les transgenre par une lente torture morale.

Et que croit-on qu’ils fassent de ces personnes après récusation ?

Rien, rien, RIEN !!

Plus aucun soutien psychologique, si tant est qu’elles en aient jamais bénéficié.

La fin d’une folle espérance pour ces trans qui croyaient si aveuglément en eux et n’imaginaient jamais une telle impasse.

On les laisse sur le bord du chemin, sans aucun panneau de signalisation pour s’orienter. Pour seul horizon dans certains cas, la désespérance, le suicide, la géhenne… Mais de cela, ces apprentis sorciers, ces Pilate de pacotille s’en lavent bien les mains.

Il faut dénoncer cette clique : Les équipes officielles sèment le mortel désespoir parmi les transgenre. Elles mériteraient un procès aux motifs d’abus de pouvoir et de non assistance à personnes en danger. 

La pathologisation par contrainte, la psychiatrisation transphobe et leurs conséquences catastrophiques, portent aux transgenre un préjudice considérable à tous égards :

1.  Les bons sujets, parfaitement dociles qui, s’ils satisfont aux critères absurdes d’aréopages bardés d’incompétence, accèderont aux ‘’soins’’ gratuits

2.      Les autres qui, fort légitimement refusent ce soi-disant passage obligé tandis qu’aucune loi en France ne l’impose, devront financièrement se débrouiller, voire en découdre seules dans une jungle administrative, assortie de différences de traitement assez effarantes, d’une région à l’autre… faute d’une législation cohérente et tolérante. 

C’est bien là-dessus que spécule la sécu sous l’égide de l’État :

Cette administration exerce de très fortes pressions sur les endocrinologues et autres médecins traitants, pour qu’ils ne nous apportent aucune assistance médicale et nous dirigent systématiquement vers les pseudo équipes spécialisées, avec pour objet :

1.      Filtrer arbitrairement les bons des mauvais sujets (critères non conformes)

2.      Frapper là où ça fait mal : Le portefeuille.. 

C’est ainsi que les transgenre les moins aisé(e)s, pensent ne pas pouvoir trouver d’autre issue que les équipes officielles, pourtant souvent fort éloignées de leur domicile.  

Certaines associations transgenre, dont ETT ou STS (Support Transgenre Strasbourg), concourent à proposer des solutions alternatives à la ghettoïsation.

Elles s’opposent fermement à cette méprisable politique de la carotte et du bâton.

Elles récusent ce dangereux ‘’assistanat’’ anti transgenre, en dépit des difficultés administratives rencontrées par ailleurs. 

Pour ETT, il convient d’aborder sa transition avec la ferme intention de la réussir et d’aller au bout. Préserver son libre arbitre. Ne pas accepter les yeux fermés les soi-disant protocoles faits sur mesure pour les transgenre. Ne jamais faire la concession d’une quelconque ‘’autorisation’’ de qui que ce soit. Prendre sa vie en main, ne pas laisser aux autres le soin de décider pour soi. Garder la maîtrise de son parcours, aller à son rythme. Ne jamais rien quémander. Affirmer toujours sa détermination.

S’appuyer sur les personnes utiles. Contourner les nuisibles (Ils foisonnent au m² dans certaines sphères).

Les difficultés lors d’une transition sont multiples et vont se nicher là où on ne les attend pas forcément.

Se blinder, être prête à tout entendre, y compris parfois les pires avanies et rester -quoi qu’il arrive- fermement concentrée sur l’objectif :  

Réussir sa transition pour vivre librement sa propre vie. 

Et même si tout semble s’y opposer, rien en fait ne peut résister à la détermination farouche.  

Voilà nos recommandations face à la bêtise (in)humaine, en attendant de significatives améliorations… l’espoir aide à vivre.

                                                    

 

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© Samantha Paul, le 1er Mars 2007 - Tous droits réservés ETT37