Le Billet de Samantha n° 15 - Octobre 2007

ETT37   


À TOI …

 

" La vie est vaine.
Un peu d'amour,
Un peu de haine,
Et puis bonjour.
La vie est brève.
Un peu d'espoir,
Un peu de rêve,
Et puis bonsoir. "

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il y a plus d’un an tu m’adressais un message succinct.
Il s’apparentait comme tant d’autres à une bouteille à la mer…

Oh bien sûr il a fallu plusieurs échanges pour t’assurer de la sincérité de mon écoute et pour que peu à peu, tes remparts de pudeurs fléchissent, balayés par un flot de larmes venu des eaux profondes de ton enfance : Ainsi recevais-je un long message de toi me contant une histoire, ton histoire, qui ne manquait pas de détacher quelques larmes de mes yeux attendris…
Des échanges qui s’ensuivirent je garde le souvenir d’un partage, d’une complicité sincère pour t’aider à traverser les périodes difficiles durant lesquelles tu te trouvais en proie à des sentiments de déréliction, d’abandon, de solitude, en alternance avec celles plus propices à l’espoir, au désir d’avancer, à ne plus nourrir de sentiment de culpabilité. 

J’ai échangé avec toi dans un climat d’amicale affection. Cela fait désormais partie du trésor des jolis souvenirs que je porte au fond du cœur.
Des souvenirs que j’aurais préféré voir différés le plus tard possible…

Tu es morte. Ces trois mots me figent le cœur : tu es morte, si jeune encore.
Tu as renoncé à cette vie qui n’était pas la tienne, n’osant aborder l’autre qui te semblait hors de portée et qui pourtant te tendait les bras si fort…

Cette vie que je n’ai pas su retenir. C’est tout ce qui me reste au fond de moi : un échec.
Je sais que la mort est la chose la plus naturelle qui puisse nous arriver, je respecte la tienne mais j’aimais bien plus ta vie future, celle que nous évoquions et toutes les folles espérances que nous portions en elle ; même si je percevais tes profondes blessures... 

J’ai froid.
Ta mort cingle mon cœur comme la bise glaciale dans un matin d’hiver.

Mots dérisoires. Indicible absence…
Envie de crier, de me révolter. Contre qui ? Contre quoi ? Je ne sais.
Ne reste plus à présent que ma tristesse au bord des yeux, au bout des bras.

Je ne me sens pas le courage de Sisyphe pour soulever un poids si lourd.

« De même qu’il est humain d’avoir un secret, il est humain de le révéler tôt ou tard. » écrivait Philip Roth.
Tu n’as pas eu la force de révéler le tien, sauf à deux personnes : ton amie et moi.

Et je me dis que c’était pourtant un si joli début.

Ton amie m’a appris ton geste fatal.
Elle m’a dit tes mots pour moi. Je les range précieusement dans leur écrin.

Tes propos me remuaient l’âme tandis que peu à peu je craignais que les miens ne sachent ou ne puissent plus t’atteindre.
Tu es de ces êtres si sensibles dont on pouvait appréhender à tout moment que la lueur de la flamme diminuée vacille puis s’éteigne au moindre souffle…

Il me répugne de parler de toi au passé tant la délicatesse de tes écrits, la douceur de ta voix, la justesse de tes émotions, imprègnent encore mon souvenir affectionné.
Ton départ si brutal et le manque cruel qui en découle me dévoilent que nous ne sommes faits que de ceux que nous aimons. Rien d’autre.

Métamorphose de la chrysalide en papillon : Un rêve dont tu t’es affranchie à ta façon… en forçant les portes de ta prison.
Vole ma belle, vole. Là où tu es, puisses-tu reposer en paix désormais.

Hélène, pardonne mes insuffisances. J’espère seulement n’avoir jamais failli à l’affection qui m’a tant rapprochée de toi.
Quelque part là-haut je requiers de toi un regard pour les minorités d’en bas et te redis ma fierté d’être ton amie.

Mon affection pour toi reste vive à jamais.

 

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© Samantha Paul, le 1er Octobre 2007 - Tous droits réservés ETT37