Il
y a plus d’un an tu m’adressais un message succinct.
Il s’apparentait comme tant d’autres à une bouteille à la
mer…
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Oh
bien sûr il a fallu plusieurs échanges pour t’assurer de la
sincérité de mon écoute et pour que peu à peu, tes remparts de
pudeurs fléchissent, balayés par un flot de larmes venu des eaux
profondes de ton enfance : Ainsi recevais-je un long message
de toi me contant une histoire, ton histoire, qui ne manquait pas
de détacher quelques larmes de mes yeux attendris… |
Des
échanges qui s’ensuivirent je garde le souvenir d’un partage,
d’une complicité sincère pour t’aider à traverser les périodes
difficiles durant lesquelles tu te trouvais en proie à des
sentiments de déréliction, d’abandon, de solitude, en
alternance avec celles plus propices à l’espoir, au désir
d’avancer, à ne plus nourrir de sentiment de culpabilité. |
J’ai
échangé avec toi dans un climat d’amicale affection. Cela fait
désormais partie du trésor des jolis souvenirs que je porte au
fond du cœur.
Des souvenirs que j’aurais préféré voir différés le plus
tard possible…
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Tu
es morte. Ces trois mots me figent le cœur : tu es morte, si
jeune encore.
Tu as renoncé à cette vie qui n’était pas la tienne,
n’osant aborder l’autre qui te semblait hors de portée et qui
pourtant te tendait les bras si fort…
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Cette
vie que je n’ai pas su retenir. C’est tout ce qui me reste au
fond de moi : un échec.
Je sais que la mort est la chose la plus naturelle qui puisse nous
arriver, je respecte la tienne mais j’aimais bien plus ta vie
future, celle que nous évoquions et toutes les folles espérances
que nous portions en elle ; même si je percevais tes
profondes blessures...
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J’ai
froid.
Ta mort cingle mon cœur comme la bise glaciale dans un matin
d’hiver.
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Mots
dérisoires. Indicible absence…
Envie de crier, de me révolter. Contre qui ? Contre quoi ?
Je ne sais.
Ne reste plus à présent que ma tristesse au bord des
yeux, au bout des bras.
Je ne me sens pas le courage de Sisyphe pour soulever un poids si
lourd.
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« De
même qu’il est humain d’avoir un secret, il est humain de le
révéler tôt ou tard. » écrivait Philip Roth.
Tu n’as pas eu la force de révéler le tien, sauf à deux
personnes : ton amie et moi.
Et je me dis que c’était pourtant un si joli début.
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Ton
amie m’a appris ton geste fatal.
Elle m’a dit tes mots pour moi. Je les range précieusement dans
leur écrin.
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Tes
propos me remuaient l’âme tandis que peu à peu je craignais
que les miens ne sachent ou ne puissent plus t’atteindre.
Tu es de ces êtres si sensibles dont on pouvait appréhender à
tout moment que la lueur de la flamme diminuée vacille puis s’éteigne
au moindre souffle…
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Il
me répugne de parler de toi au passé tant la délicatesse de tes
écrits, la douceur de ta voix, la justesse de tes émotions, imprègnent
encore mon souvenir affectionné.
Ton départ si brutal et le manque cruel qui en découle me dévoilent
que nous ne sommes faits que de ceux que nous aimons. Rien
d’autre.
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Métamorphose
de la chrysalide en papillon : Un rêve dont tu t’es
affranchie à ta façon… en forçant les portes de ta prison.
Vole ma belle, vole. Là où tu es, puisses-tu reposer en paix désormais.
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Hélène,
pardonne mes insuffisances. J’espère seulement n’avoir jamais
failli à l’affection qui m’a tant rapprochée de toi.
Quelque part là-haut je requiers de toi un regard pour les
minorités d’en bas et te redis ma fierté d’être ton amie.
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Mon
affection pour toi reste vive à jamais. |