Le Billet de Samantha n° 16 - Novembre 2007 |
20 Novembre, journée du Souvenir Trangenre
Le
20 novembre, partout dans le monde, la communauté Transgenre se
recueille…
Cette date fédère les pensées de la communauté Transgenre, à l’unisson de
ses morts tombés sous les coups de l’abjecte intolérance...
Chaque année, venant du monde entier, l’actualité transphobe charrie ses
flots de violence nauséabonds…
2007 sera principalement l’année de la Turquie…
(Cf.
mail ci-dessous de STS qui relaie un communiqué de Lambdaistanbul)
ETT se joint
à la peine des personnes et des associations transgenre du monde entier. A leur
instar, nous pensons aux deux consœurs Turques assassinées, à celle gravement
blessée, ainsi qu’à leurs familles.
Nous pensons aussi à toutes les victimes anonymes qui, de par le monde entier,
sont tombées en 2007 sous les coups de la transphobie et n’ont pas nécessairement
faits la une de l’actualité : Silences d’Etats, mutisme des medias…
Le
lien ci-dessous est l’illustration de la triste réalité pour les personnes
transgenre turques :
La_terreur_transsexuelle
L’occasion
pour nous de rappeler que la loi anti-discrimination française de décembre
2004 reconnaît l'homophobie comme circonstance aggravante, mais ne parle pas de
transphobie.
Conséquence :
Un crime transphobe sera moins puni que s'il est qualifié d'homophobe...
================= Message d'origine ================================
CRIME
DE HAINE CONTRE NOS CAMARADES TRANS' DE TURQUIE (STS 17 octobre 07)
C'est avec tristesse et colère que nous vous transmettons l'affreuse nouvelle
qui vient de tomber en pleine mobilisation pour le droit d'association des
personnes LGBT en Turquie et ailleurs.
Deux camarades trans' assassinées, une gravement blessée. Tristesse pour elles
et pour leur proches, colère du fait de la si grande fréquence de ces meurtres
transphobes en Turquie mais aussi partout dans le monde, y compris en France. En
Turquie, ce sont principalement les médias qui alimentent la haine transphobes,
dépeignant les trans' comme des terroristes et des objets sexuels. Ailleurs,
par exemple en France, ce sont les corporatismes de la médecine et de la
psychiatrie qui les désignent comme des malades mentales/aux. Et partout, des
états qui mettent en œuvre des politiques transphobes, parfois de manière
hypocrite. Nulle part les personnes trans' ne jouissent pleinement de
leur droits à l'instar des autres citoyenNEs. Et tout ceci encourage la
transphobie au quotidien et les crimes de haine.
A Istanbul, les trans' sont très nombreuses. Elles viennent de toutes les régions
de la Turquie et la plupart viennent des campagnes. Elles sont très présentes
dans les luttes LGBT et féministes, et nombreuses au sein de l'association
Lambaistanbul. La plupart sont travailleuses du sexe, la transphobie entravant
leur accès à d'autres professions. Elles sont fréquemment agressées, dans la
rue, et jusque dans leurs maisons, et la police les harcelle. Celles que nous
avons rencontrées à l'occasion de la Gay Pride d'Istanbul nous ont impressionnées.
Déterminées, dynamiques, organisées, créatives, mais aussi extrêmement
chaleureuses.
Nos pensées vont à M.U.M et à S.D, assassinées, à leurs proches, à F.D,
gravement blessée et à toutes nos camarades trans' de Turquie et d'ailleurs.
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Communiqué de Lambdaistanbul du 16 Octobre 2007
COMBIEN DE MORTS FAUT-IL ENCORE ?
La semaine dernière les agressions contre les personnes lesbiennes, gays
bisexuels et transgenres (LGBT) ont augmenté : deux personnes ont été
assassinées tandis qu’une autre a été hospitalisée.
Mercredi soir, le 3 Octobre, le corps sans vie de notre amie M.U.M., qui
travaillait comme DJ dans un bar à Beyoglu, a été retrouvé par l’une de
ses proches amies dans son appartement à Nisantasi, quelques heures après son
décès. La police qui à mené l'enquête à trouvé M.U.M. nue dans son lit et
a conclu qu'elle a été assassinée; sa gorge avait été tranchée et son
corps présentait plusieurs marques. Son ordinateur et son téléphone portables
ont été volés.
De plus, le vendredi 6 au matin, nos amiEs S.D et F.D ont invité chez-elles des
clients qu'elles ont rencontrés à Tarlbasi, et après avoir eu une dispute,
elles ont toutes deux été victimes de violentes attaques de la part de ces
clients; ainsi S.D a été assassiné, la gorge tranchée. F.D qui a été
rattrapée par les meurtriers alors qu'elle tentait de s'enfuir a reçu des
coups mortels à la nuque et sur d’autres parties de son corps puis abandonnée
par les agresseurs qui la croyaient morte. Après un coma de plusieurs jours,
quand F.D a finalement repris conscience, elle a donné une description à la
police afin de dresser le portrait robot des meurtriers.
Jusqu'en octobre 2007, en dehors des crimes mentionnés plus haut, 14 autres cas
d'agression et de meurtres en Turquie ont été signalés dans les médias. De
plus, on ne connait pas le nombre de cas qui n'apparaissent pas dans les
journaux. Même le peu d'information qu'on a est suffisant pour donner une idée
de la fréquence des crimes de haines homophobes et transphobes. Nous devons
toutes prendre le temps de réfléchir à ce problème. Nous devons nous
demander comment une telle haine a pu se répandre dans notre société. Comment
contribuons-nous à cette situation de manière consciente ou inconsciente ?
Sommes-nous indifférentes à tout cela ? L'existence des personnes transgenre
est-elle pour nous une réalité si troublante qu'il est difficile de l'assumer
? Voulons-nous que nos municipalités ramassent tous les enfants des rues, tous
les chiens et toutes les personnes transgenres dans le but d'emmener ces « indésirables
» quelque part ailleurs, loin des yeux d'invités étrangers; voulons-nous que
nos villes soient « nettoyées » comme nous en avons déjà été témoins en
1996 pendant le processus d'Habitat à Istanbul ? Ces questions peuvent être
difficiles à affronter. Cependant si nous trouvons des réponses à ces
questions, à la lueur de celles-ci, nous pourrons non seulement faire pression
sur les autorités pour les obliger à assumer leurs devoirs qui sont de protéger
la vie et la dignité humaine mais aussi nous pouvons commencer à exiger que
les vies soient épargnées, au nom de notre dignité humaine.
_Qu'est-ce qu'un crime de haine ? _
Un crime de haine qui est reconnu comme « un crime engendré par un préjudice
» est un crime qu'une personne peut subir en raison de sa race, religion,
orientation sexuelle, handicap, identité ethnique, nationalité, âge, sexe,
identité de genre ou ses orientations
politiques. Les crimes de haine sont différents des autres types de crimes :
bien que ces crimes soient commis contre une personne, leur cible principale est
le groupe social auquel cette personne appartient."
Comme l'indique la définition ci-dessus, les crimes de haine ont une
signification plus profonde et un impact plus fort sur la société que les
autres types de crimes. Le fait que ces crimes soient commis très souvent dans
certaines sociétés implique qu'il y a une haine accumulée à l'encontre du
groupe social auquel appartiennent les victimes. Il est
donc essentiel d'adopter des mesures de précaution relatives à ce problème
que cela soit dans le court ou le long terme. Changer les lois, quand on le veut
bien, est une précaution à court terme assez simple. Au cours du processus de
préparation d'un nouveau code pénal en Turquie en
2004, Lambdaistambul et Kaos GL avaient exigé que la discrimination sur la base
de "l'orientation sexuelle" et de "l'identité sexuelle"
soient punies; elles/ils avaient organisé des campagnes et rencontré les
membres du parlement turque pour présenter leur revendications.
Par exemple, selon l'article du code pénal turque « provocation dénaturée »,
qui n'a pas beaucoup changé dans le nouveau code pénal (« acte dénaturé »),
en dépit de notre opposition; une personne qui assassine une personne LGBT peut
aisément bénéficier de la « déduction de pénalité » (circonstances atténuantes)
en avançant comme
justification le cliché : « elle/il m'a proposé une relation sexuelles
perverse (anale) ». C'est pourquoi les « crimes de haine » doivent être
particulièrement bien définis dans les lois et des mesures spéciales doivent
être prises. En tant qu'organisations LGBT nous essayons aussi d'introduire «
l'orientation sexuelle » et « l'identité de genre » dans
l'article 10 (qui maintient l'égalité de tous les citoyens au regard de la
loi) de la nouvelle constitution qui est depuis peu en préparation.
D'autre part, une application juste des lois joue un rôle tout aussi important
que le fait de passer de bonnes lois dans la prévention de tels actes de
violence contre les personnes LGBT. Certainement, le rôle le plus important échoit
ici au ministère de l'intérieur (et/ou aux services de police). Toutes les
plaintes impliquant des crimes de haine devraient être prises au sérieux,
examinées en détail et résolues efficacement. Cela devrait avoir un effet
dissuasif sur les personnes qui ont tendance à commettre ces crimes de haine.
Cela ne fait qu'empirer la situation quand les médias se comportent comme
d'hypocrites gardiens de la morale publique tout en présentant les personnes
LGBT comme des objets sexuels et comme un élément qui ruine les valeurs
morales et dont la société doit être nettoyée. Des nouvelles tendancieuses
et des gros titres comme « La terreur des travestis », «
Les travestis répandent à nouveau l'horreur » mènent à une polarisation
dans laquelle « nous; en tant que celles qui ont besoin de protection » sommes
placées contre « eux; un élément inhumain de la société qui menace notre sécurité
»; cela constitue une contribution indirecte aux crimes de haine.
Nous, Lambdaistanbul,
exigeons que les régulations nécessaires soient faites dans la loi afin de prévenir
les crimes de haine à l'encontre des personnes LGBT. Nous exigeons que la
police agisse de manière plus responsable sur les affaires de crimes de haine
et que les médias considèrent ces affaires avec une attitude similaire et
cessent de montrer les personnes LGBT comme des personnes devant être éradiquées.
Rien qu'en faisant cela, ces crimes de haine qui font des dizaines de morts
pourraient être stoppés.
Toutes nos condoléances aux proches des victimes de crimes de haine.
Lambdaistanbul LGBT Dayanisma Dernegi
Tel: +90 (0) 212 245 70 68
Istiklâl Caddesi, Katip Celebi Mah. Tel Sok. No: 28/6 Kat:5
Beyoglu - Istanbul
www.lambdaistanbul.org
lambda@lambdaistanbul.org
============== Fin du message d'origine ===========================
Liens divers…
Portugal
La couverture médiatique du meurtre d'une
transsexuelle fait enrager les associations.
Le tribunal de Porto ne reconnaît pas l'assassinat de Gisberta Salce.
France
Vingt ans de prison pour les assassins d’un
transsexuel.
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© Samantha Paul, le 1er Novembre
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