Le Billet de Samantha n° 25 – Juin 2009 |
Actualité transgenre : Rien à
signaler… ?
Tandis que se déroulent dans la France entière, nombre de Marches LGBT, avec pour slogan « Non à la Transphobie ! », la ministre de la Santé et la HAS s’occupent de la transidentité…
Le vendredi 03 avril 09, les associations Transgenre reçoivent le mail suivant :
« Mesdames, Messieurs,
Veuillez trouver ci-dessous le communiqué de presse de la HAS annonçant la
mise en ligne du rapport de la HAS sur la prise en charge du transsexualisme,
pour consultation publique.
Nous vous invitons à participer à cette consultation publique et à diffuser
cette information afin d'obtenir une consultation la plus large possible.
En vous remerciant,
Le Service évaluation des actes professionnels. »
Saint-Denis La Plaine, le 3 avril
2009
Projet de rapport sur la prise en charge du transsexualisme : la HAS ouvre une
consultation publique
La Haute Autorité de Santé a élaboré un projet de rapport sur le
transsexualisme et sa prise en charge médicale et souhaite recueillir l’avis
de toutes les personnes concernées.
Ce projet est
disponible sur www.has-sante.fr. |
A la demande du ministère
de la Santé et des caisses d’Assurance Maladie, la HAS a rédigé un projet
de rapport sur la « situation actuelle et perspectives d’évolution de la
prise en charge médicale du transsexualisme en France
». Ce
document traite de l’ensemble de la prise en charge du transsexualisme par le
système de santé. Il aborde la prise en charge médicale - diagnostic,
hormonothérapie et chirurgie de réassignation - mais également les questions
socioculturelles et juridiques. Il résulte d’une analyse de la situation au
cours de laquelle la HAS a rencontré des transsexuels, des professionnels de
santé et des institutionnels.
Afin de recueillir l’avis de tous les acteurs concernés dans la prise en
charge du transsexualisme en France, la HAS met aujourd’hui en ligne sur www.has-sante.fr
le projet de rapport.
A l’issue de cette phase de consultation publique, qui débute ce jour et se
termine le 31 mai 2009, une synthèse et une analyse des commentaires recueillis
seront effectuées par la HAS, qui rédigera alors la version définitive du
rapport.
« Situation actuelle et
perspectives d’évolution de la prise en charge médicale du transsexualisme
en France »
Projet de rapport et questionnaire disponibles sur
www.has-sante.fr
HAUTE AUTORITÉ DE SANTÉ
Responsable du service presse Florence GAUDIN
Contacts presse Virginie LANLO / Gilles DJEYARAMANE 01 55 93 73 18 / 17
Après lecture, quelques réactions :
1. Act Up
« Aveuglement dogmatique…
La ministre de la Santé et la HAS
dans le coma
Publié en ligne : 1er
février 2009 dans Action
116
La situation des personnes trans
en France en 2009 est toujours très floue. Dans l’attente de la publication
du rapport de la Haute Autorité de Santé, les activistes continuent de
demander la liberté de choix. Le chemin est encore long.
Aujourd’hui, quelques
psychiatres, spécialistes autoproclamés du « transsexualisme »,
veulent garder le pouvoir de décider qui pourra faire sa transition en obtenant
un remboursement de la Sécurité sociale et un changement d’état civil, et
qui ne pourra pas et devra se débrouiller autrement ; qui en achetant des
hormones sur internet, qui en devenant clandestin au regard de l’état civil,
qui en se prostituant pour se payer une opération à l’étranger… La
situation reste donc tendue entre ces psychiatres et les activistes trans :
les trans y retrouvent un mélange de paternalisme, de manque de respect, de
questions idiotes et d’une morale d’arrière garde de la part des
psychiatres et des institutions.
La France a pris un retard
considérable par rapport à d’autres pays d’Europe et d’ailleurs, du
point de vue de la médecine (chirurgie-psychiatrie) et du point de vue légal.
Devant les critiques des activistes, craignant peut-être d’être condamné à
ce sujet par la Cour européenne des Droits humains comme il le fut en 1992, l’Etat,
par la voix du ministère de la Santé, a commandé un rapport sur la prise en
charge du « transsexualisme » à la Haute Autorité de Santé (quand
elle s’appelait encore ANAES) … il y a plus de quatre ans. On attend
toujours sa publication ! Mais les contacts avec la HAS sont déjà
réfrigérants. Les conclusions provisoires du rapport, devraient préconiser de
ne rien changer en dehors du nombre d’équipes habilitées à prendre en
charge le dit « transsexualisme ». C’est donc peut-être la fin
des parcours médicaux libéraux, hors des équipes dites
« officielles » ; ce qui conduira encore plus de personnes à
prendre des hormones sans suivi médical, à s’endetter… à tapiner...
plutôt que d’aller se soumettre à des psychiatres réactionnaires.
Le grand point de friction, c’est
la question de la liberté individuelle et du respect de l’autonomie. Pour les
médecins en charge du dossier, l’idée que ce soit l’usagerE qui décide de
son parcours, tant pour l’hormonothérapie que pour les modifications
chirurgicales, est insupportable. C’est évidemment pour le bien du/de la
patientE qu’on veut protéger ! UnE schizophrène pourrait se glisser
parmi les trans, se faire opérer, et le regretter ! Quand on les reprend
en disant qu’ils/elles s’accrochent juste à ce pouvoir écrasant qu’ils/elles
ont sur la vie d’une autre personne, qu’ils/elles sont malades de leur
omnipotence, et que l’aide à l’autodiagnostic et le consentement éclairé
serait une solution non seulement plus simple – y compris pour elles et eux-
mais aussi plus respectueuse, ils/elles vous regardent avec des yeux ronds,
prêt à vous jurer que même une hormonothérapie est irréversible, une
ânerie totale pour quiconque a vécu dans le milieu trans… Le pire c’est
que des représentantEs d’associations acquiescent devant cette chasse au
schizo qui se croit trans, chasse au nom de laquelle on donne tant de pouvoir
aux psychiatres ; Camille Cabral (PASTT) ou Armand Hotimsky (CARITIG) pour
ne pas les nommer.
Deux poids, deux mesures
Ce qui est curieux c’est que
cette sollicitude ne s’étend pas aux autres aspects de la vie trans. Si aux
Etats-Unis, dès la première moitié des années 1990, on trouve des articles
scientifiques sur le taux inquiétant de séroprévalence au VIH chez les femmes
trans, en France rien. Les équipes « officielles » ont longtemps
refusé d’opérer les personnes trans séropositives alors que des
communications en prouvaient la possibilité. Quant à la vie sociale des trans,
c’est également le silence. Nous observons le phénomène des jeunes trans
expulséEs de leur famille qui viennent se réfugier dans les grandes villes et
vivent leur transition dans la précarité la plus extrême, et tous les dangers
qu’on imagine… Ont-ils écrit ou prononcé un mot là-dessus ? Le
ministère de la Santé c’est aussi celui des Sports. Pourquoi cette
sollicitude pour les trans « qui pourraient se tromper », alors que
les dangers de la pratique de tel ou tel sport sont accueillis avec plus ou
moins de fatalisme. Quand Eric Tabarly donne des interviews où il déclare ne
pas mettre de harnais en mer on le laisse partir… et mourir ! Mais le
choix d’unE individu trans doit être soumis à l’approbation d’un
psychiatre.
On prend les mêmes et on
recommence
Le rapport de la HAS a toutes les
chances d’exonérer les équipes officielles de leurs maltraitances. Des
grandEs « spécialistes » comme Bernard Cordier ont toujours
refoulé de leurs services les transgenres qui ne voulaient pas se faire
opérer. Est-ce à elles et eux désormais que les transgenres devront
obligatoirement demander le droit à une hormonothérapie ? En attendant,
il ne faut pas s’étonner si des trans font tout pour ne pas subir les
vexations de ces butors, avec les prises de risque que cela implique. La
ministre de la Santé devra choisir entre ménager un quarteron de psychiatres
aux théories dépassées ou prendre en compte la situation telle qu’elle est,
avec les discriminations dont les trans sont victimes, avec la précarité que
celles-ci entraînent souvent, avec la prévalence du VIH, qui pour l’heure n’est
toujours pas renseignée pour la population trans en France ; preuve que le
ministère de la Santé se fiche des trans.
Act Up-Paris exige :
- la publication sans délai du rapport de la HAS.
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2. Charlie Hebdo
Mercredi 22 avril 2009.
« Après quatre ans d’une
longue et prolixe réflexion, la Haute Autorité de santé
considère encore les trans’ comme des malades mentaux et des sous-citoyens...
Hué par les associations et montré du doigt par l’Union Européenne, l’Etat
français, par la voix du ministère de la santé, commandait il y a cinq ans un
rapport à l’ANAES (Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en
santé)
sur la « situation actuelle et les perspectives d’évolution de la prise en
charge médicale du transsexualisme en France ». Entre temps, l’ANAES est
devenue
la haute autorité de santé (HAS), une « autorité publique indépendante»,
chargée de contribuer au maintien d’un système de santé solidaire et au
renforcement de la qualité des soins... En l’occurrence, c’était la
première fois qu’une autorité médicale se penchait sur la transidentité et
le transsexualisme, ce décalage entre le sexe biologique et le genre vécu : c’est
à dire le retard de la
France sur ces questions, tout aussi séculaire qu’Homo sapiens sapiens.
Et c’est sans doute ce qui
explique la teneur de ce pré-rapport.
Malgré l’absence de tout dysfonctionnement mental et en dépit de toute les
tentatives de les « guérir » et « d’expliquer » leur aspiration à
vivre dans le
genre qu’ils ressentent, les trans’ sont classés comme malade
psychiatriques. Et si le transsexualisme est
considéré comme une pathologie, il n’est étonnamment pas traité comme les
autres : ils sont obligés de se farcir un parcours protocolaire lourd pendant
des années avec des équipes médicales désignées d’office, même si le
chirurgien est un boucher...
Or la HAS ne réclame toujours pas de déclassification : pour accéder à la
libération, les trans’ devront continuer d’accepter de passer par des
barges. Et
elles entérinent définitivement le système actuel : pour changer d’état
civil, il
faut changer de sexe. Or, dans 50% des cas, les trans ne souhaitent pas de
réassignation sexuelle après hormonothérapie, mais seulement quelques
modifications chirurgicales...
En France, l’idée que ce soit l’intéressé qui décide de son parcours
semble
intolérable, et c’est toujours ce qu’on a dans le slip qui caractérise notre
identité.
Avant de boucler définitivement son rapport, et sur demande de relecture des
associations, la HAS lance une consultation publique via Internet jusqu’au 31
mai. Il n’y a aucune certitude que les avis soient pris en compte. Mais voilà
peut-être le moment de sortir enfin d’une vision du monde à la Benoit XVI,
où la
société est à ce point flippée par l’indifférenciation sexuelle qu’elle
s’accroche maladivement à la « distinction entre homme et femmes » et
aux vieux prismes de la construction du masculin et du féminin...
A. André »
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3. Chrysalide Lyon
chrysalidelyon@yahoo.fr
Rapport de la HAS : attention, danger!
« En 2004, la HAS, Haute Autorité de Santé (alors appelée ANAES) a
commencé un travail de réflexion sur la prise en charge médicale des
personnes trans.
Les associations dénoncent depuis de nombreuses années la
classification du « transsexualisme » parmi les maladies mentales et
des abus pratiqués par le corps médical. On citera pour exemple
quelques critères discriminatoires utilisés par des personnes qui se
présentent pourtant comme spécialistes : avoir entre 25 et 40 ans,
ne pas être marié-e, ni avoir d'enfants mineurs, être séronégatif-ve
avoir des revenus stables, être hétérosexuel-le dans le genre revendiqué,
etc.
Cependant, il est actuellement possible pour les personnes
trans d'effectuer une transition en ayant recours à des médecins ayant
une vision respectueuse de la transidentité, c'est-à-dire en
acceptant qu'un individu, quel qu'il soit, est à même de définir son
identité de genre, et en abordant la transidentité non pas en partant
du postulat que c'est une pathologie psychiatrique, mais en considérant
qu'il s'agit d'une identité à part entière.
En avril 2009, après plus de 4 ans et demi de travail, la
HAS a enfin rendu publique ses conclusions
(http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_765328/situation-actuelle-et-perspectives-devolution-de-la-prise
-en-charge-medicale-du-transsexualisme-en-france-version-pour-consultation-publique-avril-2009).
Les associations n'ont été reçues que lors de deux réunions d'une
demi-journée:
l'une en septembre 2004 pour écouter les revendications, l'autre en
août 2008 pour leur présenter le travail qui avait été fait en
collaboration avec les médecins. En dehors de ces réunions, aucun
travail commun n'a été effectué avec le tissu associatif. Le rapport de
la HAS reflète d'ailleurs ce manque de dialogue, puisque le point de
vue des associations n'est présenté que de manière symbolique.
Les solutions présentées dans le rapport de la HAS sont extrêmement
dangereuses et reflètent l'absence de volonté d'entendre le tissu
associatif.
Le parcours proposé par la HAS est le suivant :
- La personne trans doit prendre contact
avec une équipe protocolaire.
- Un diagnostic différentiel de
"transsexualisme" doit être posé par un
psychiatre de l'équipe.
- La personne trans doit subir un "test de vie réel", d’une durée
minimale de 3 mois, au cours duquel elle doit vivre dans le genre
revendiqué, y compris au niveau professionnel. Elle doit également
informer sa famille de son changement de situation.
- L'hormonothérapie comporte deux phases : une première phase
consistant en la prise d'anti-androgène pour les femmes, et
d'anti-oestrogènes pour les hommes, puis une seconde phase comprenant
la prise d'hormones à proprement parler : oestrogènes pour les femmes,
testostérone pour les hommes.
- Seul un médecin faisant partie d'une
équipe protocolaire est autorisé à
prescrire le traitement hormonal.
- Le délai de 2 ans d'attente après le début de la prise d'hormones est
suggéré avant de pratiquer une opération de changement de sexe génital.
Ce qu'implique le parcours proposé par la HAS :
- La transidentité est perçue comme une
pathologie à diagnostiquer, ce qui va à l'encontre de ce que les
associations demandent depuis des années.
- La personne n'est pas considérée comme
apte à se définir elle-même et
n'est pas considérée comme pouvant disposer librement de son corps.
- Imposer à une personne de s'habiller dans
le genre revendiqué sans traitement
hormonal l'expose dans la rue aux insultes et à des violences extrêmes si elle
n'a pas la chance de bénéficier d'une morphologie adaptée.
- Imposer à une personne d'informer son employeur de sa transidentité
et d'aller travailler dans la tenue vestimentaire correspondant au
genre revendiqué sans traitement hormonal alors même que la transphobie
n'est pas reconnue par la loi a pour conséquence le licenciement de nombreuses
personnes.
- Imposer à une personne d'informer sa famille ne respecte pas la
manière spécifique à chaque individu de choisir à quel moment de sa vie
elle souhaite parler à ses proches de sa situation.
- Certaines des molécules préconisées dans la première phase de
traitement
hormonal ont des effets secondaires dangereux (dépression, prise de poids
importante, douleurs utérines, dégradation du foie ...), et sont même
interdites
dans certains pays.
- Imposer à des personnes de consulter des médecins spécifiques alors
qu'il ne
s'agit pas d'une spécialité médicale est contraire au principe du libre choix
de
ses médecins, garantit par l'article R4127-6 du code de santé publique.
- Les personnes qui ne sont pas acceptée dans le protocole n'auront
aucun recours pour effectuer leur transition en étant accompagnée par
des médecins. Elles seront donc contraintes à l'automédication ou au suicide.
Au final, ce protocole met donc les personnes dans des situations de
précarité sociale importantes et les expose quotidiennement à des
violences verbales et physiques. Il exclue de plus définitivement un
nombre important de personnes, qui seront contraintes à l'automédication, et
donc à des prises de risques considérables pour leur santé.
Chrysalide appelle donc chacun, associations, élus, personnes trans,
et tout citoyen concerné par les droits de l'homme, à répondre à l'enquête
publique sur le rapport de la HAS
(http://consultation.has-sante.fr/transsexualisme/transsexualisme.HTM)
avant le
31 mai 2009, en dénonçant les conclusions qu'elle propose. »
Lisez la réponse de Chrysalide
à l'enquête publique sur le rapport de la HAS :
http://chrysalidelyon.free.fr/has_reponse.php
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4. STS
De : Support Transgenre
Strasbourg <sts67@sts67.org>
Date : 2 mai 2009
Objet : Rapport de la HAS: attention, danger!
STS a répondu ceci à la HAS:
« Prise de position de Support Transgenre Strasbourg face au rapport
récemment publié par la Haute Autorité de Santé.
Toute personne, transidentitaire ou non, est potentiellement concernée par le
rapport de la Haute Autorité de Santé, du fait que notre société impose l’obligation
à toute personne d'avoir l’intime conviction d’être soit un « un homme »
soit une « une femme », donc de choisir un « camp » parmi deux prétendument
possibles.
Ceci mène à des discriminations et des violations des Droits Humains, souvent
aux conséquences fatales.
Voir p.ex. http://www.gender.org/remember/
et la récente enquête du MAG :
http://www.mag-paris.fr/HES-et-le-MAG-livrent-les-premiers.html
Le rapport de la Haute Autorité
de Santé démontre une profonde méconnaissance de la diversité réelle de
l'identité sexuée de l'espèce humaine et ne tient pas du tout compte des
raisons qui sont à l'origine de la perception, définition et assignation du
phénomène nommé transidentité.
Au lieu de considérer les causes de la transidentité, qui sont sociales et
politiques, le rapport cherche à pathologiser et «traiter » ou « guérir »
certaines expressions de l'identité de genre. Mais il passe totalement sous
silence un nombre important d'identités de genre, discriminées à tel point
que l'État français, et ce rapport, ne reconnaissent même pas leur existence.
Pourtant, les associations
et groupes de personnes transidentitaires
constatent tous les jours sur le terrain que les faits contredisent cette
idéologie dont fait preuve l'État français.
Aucune identité de genre ne nécessite un « diagnostic » car tout être
humain doit pouvoir exercer son droit humain à être lui-même en toute
liberté et à vivre l'égalité réelle et factuelle de ses droits humains et
sociaux, à tout instant.
L'obligation à chirurgie, à stérilisation ou à traitements hormonaux afin de
donner « droit » à la « reconnaissance » de l'identité de
genre d'une personne est une violation des Droits Humains, droits dont la France
est pourtant signataire et censément garante.
Rappelons l'avis fondé et raisonné de Thomas Hammarberg, Commissaire
aux Droits de l'Homme au Conseil de l'Europe:
http://www.coe.int/t/commissioner/Viewpoints/090105_fr.asp
Dans une société qui donne l'égalité de droits à toute expression de
l'identité de genre, aucune identité de genre ne nécessite des «soins » :
il n'existe pas de « maladie », ni de « trouble », ni de
«désordre », ou similaire, à être transidentitaire, il n'y a donc rien
à « soigner » ni à « guérir ». Mais tant que l’Etat
français tentera d'imposer une norme binaire et artificielle « homme » / «
femme » et assignera de force comme « pathologique » toute
«divergence » de cette « norme », des discriminations
transphobes se produiront, des souffrances en résulteront, et des « soins »
resteront nécessaires.
Mais il s'agit de « soins » pour causes sociales et politiques, pas pour
causes médicales : on ne parle donc pas de « thérapies », mais
d'actes réparateurs visant à permettre aux personnes transidentitaires
l'exercice de leurs droits sociaux égaux. Car c'est cette transphobie patente
de l'Etat français qui crée de
toutes pièces autant la transidentité que les « thérapies » qu'il
voudrait lui réserver : il s'agit d'une démarche politique devenue iatrogène,
qui crée elle-même ce qu'elle prétend « soigner » ou «
guérir ». Une telle démarche demande des réponses politiques, et non
pas des réponses médicales, afin de s'attaquer aux causes de la
discrimination, pas à ses symptômes.
Par ailleurs, si « soins » médicaux il y a, quels qu'ils soient, la liberté
de choix du traitement doit exister à tout moment, ainsi que la liberté de
consulter et de se faire opérer suivre/opérer par les professionnels de son
choix, telle que l’impose d'ailleurs la loi en vigueur en France.
Actuellement, la qualité de chirurgie génitale reconstructrice en France reste
nettement inférieure à celle qu’on trouve dans de nombreux autres pays
tels que la Thaïlande, les Etats-Unis, le Canada, l'Allemagne, la
Grande-Bretagne… mais la Sécurité Sociale française refuse de prendre en
charge tout traitement dans ces pays, ce qui est une violation de la
législation en vigueur.
Or, de tout cela, et de bien plus de choses encore, ce rapport de la HAS ne
tient aucun compte. Bien au contraire : nous y lisons partout des positions et
recommandations surannées, déjà unanimement signalées comme inacceptables
lors de la réunion des associations et groupes transidentitaires avec l'ANAES
en septembre 2004 (ainsi l'élargissement préconisé par la HAS des équipes
médicales agréées par la Sécurité Sociale, mesure dénoncée comme
contre-productive et irréaliste depuis au moins 2004), des références
« scientifiques »
plus que douteuses (Kenneth Zucker p.ex. est vivement critiqué et mis en
question par ses pairs dans plusieurs pays voisins de la France), des chiffres
vagues ou douteux, etc. Bref, nous n'y constatons aucun progrès, ni même une
volonté de dialogue réel. Mais au contraire une nette régression.
Nous avons la nette impression que l'Etat français, par ce rapport de la HAS,
cherche à consolider, voire à élargir, ses prises de position transphobes
figées depuis des années, sans tenir compte de tout ce que les associations et
groupes de personnes transidentitaires ont pu lui dire depuis 2004. Ce n'est pas
ainsi
qu'un dialogue deviendra possible. Ni qu'on avancera vers le respect des droits
des personnes transidentitaires en France.
Support Transgenre Strasbourg www.sts67.org
21 avril 2009
STS va également appeler à boycotter cette mascarade de
"consultation"
: la transidentité n'est pas un phénomène médical, mais un phénomène
social et politique. Qui n'existe d'ailleurs que parce que la transphobie,
notamment celle de l'Etat français, le crée et nous y assigne.
Que cesse la tutelle "médicale", à questions politiques réponses
politiques. Investissons notre énergie dans la lutte contre la transphobie de
l'Etat français, pas dans l'entretien de son système transphobe. »
Cornelia
Support Transgenre Strasbourg
www.sts67.org
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4. STS bis
De : Support Transgenre
Strasbourg <sts67@sts67.org>
Date : 11 mai 2009 00:56
Communiqué : Transphobie et mascarade cynique, l'État français se
surpasse
« Le 3 avril 2009, la Haute Autorité de Santé, ou HAS (www.has-sante.fr),
anciennement nommée ANAES, a enfin, après quatre ans et demi de gestation,
accouché d'un rapport [1], pourtant désigné par elle comme juste «
intermédiaire », faisant état de ses réflexions et recommandations sur la
prise en charge médicale des personnes transgenre [2] en France. Support
Transgenre Strasbourg lui a répondu le 21 avril 2009 sur le fond [3] : en
résumé, nous considérons ce rapport comme hautement rétrograde et comme une
insulte faite aux personnes transgenre.
Comme d'ailleurs toute la procédure qui a mené à ce rapport depuis septembre
2004 est en fait une insulte : « convocation » (et non pas invitation) de
personnes transgenre de toute la France à des réunions difficilement
accessibles aux non-parisienNEs, fixation d'une réunion à une date
inacceptable (le 20 novembre 2006, Journée Internationale de la Mémoire
Transgenre [4]), refus aléatoire du remboursement des frais de déplacement à
ces réunions « convoquées » (alors que la plupart des transgenre sont
notoirement en situation financière délicate), filtrage des « convoquéEs »
(la HAS ne voulait surtout pas de militantEs aux réunions...), réunions «
privées », non annoncées,
avec certainEs « patients » sélectionnéEs selon des critères obscurs,
politique d'information sélective envers les groupes/associations de personnes
transgenre, etc. bref : mesures de division et de manipulation sous toutes leurs
formes.
Nous considérons ce rapport comme une manœuvre évidente supplémentaire
dans la politique d'élargissement du contrôle social répressif que
l'État français exerce depuis une trentaine d'années envers les transgenre.
Ce constat ne nous surprend bien entendu pas : la mauvaise foi de l'ANAES/HAS
face à nos revendications communes réitérées [5] [6] était flagrante depuis
le début de cette procédure en septembre 2004. Tout se passe depuis le début
comme si nous parlions une langue inintelligible par l'État français, comme si
l'oppresseur ne savait/voulait mener qu'un dialogue de sourdEs avec les
oppriméEs que nous sommes. La définition de l'opprimé que fournissait
Christiane Rochefort [7] n'a décidément rien perdu de son actualité.
Or, l'insulte transphobe répétée faite aux transgenre par l'État français
à travers ses exécutantEs obéissantEs et zéléEs ne s'arrête pas là, elle
se surpasse même cette fois-ci : la HAS ose demander aux transgenre un avis qui
ne l'oblige à rien, elle, à travers une « consultation » [8] publique qui a
tout d'une mascarade, puisque la HAS n'a manifestement pas l'intention de tenir
compte de notre avis «
consultatif » : de qui se moque-t-on ?
On se moque des personnes transgenre, une fois de plus, et de façon
particulièrement cynique cette fois-ci : on nous demande un avis « consultatif
», donc sans effet, sur un texte qui recommande de faire reculer nos droits au
lieu de les faire avancer comme nous le réclamons depuis des années. On nous
demande donc de pratiquer le Syndrome de Stockholm [9] en participant à notre
propre oppression. De fournir à celle-ci une justification afin de soutenir nos
oppresseurs et bourreaux, en somme. On aurait du mal à faire plus cynique.
Chez Support Transgenre Strasbourg, nous trouvons que cette fois-ci la
coupe est décidément pleine, que ça suffit, que quatre ans et demi de
cette mascarade transphobe sont définitivement assez :
Nous appelons par conséquent toutes les personnes transgenre de France
à ne surtout pas répondre à cette « consultation », à ne pas tomber dans
le piège qu'on nous tend, à le boycotter, et à dire haut et fort pourquoi :
- Parce que nous ne sommes plus dupes des manigances transphobes de
l'État français.
- Parce que nous avons compris que toute pathologisation et toute
médicalisation de la transidentité ne servent qu'à masquer les origines
purement idéologiques et politiques de nos souffrances et exclusions.
- Parce que nous avons compris que c'est la transphobie, et en tout premier lieu
celle qu'exerce l'État français, qui nous assigne au statut de soi-disant
«malades», d'exclues, de « tares » qu'on cherche à rendre invisibles et à
supprimer. Et ceci dans le seul but afin de maintenir intacte la doctrine de la
soi-disant « norme » binaire des sexes et des genres sur laquelle cet État
base très
largement son pouvoir.
- Parce que nous en avons assez de payer de nos droits humains et civiques ce
qui profite à cet État oppressif.
- Parce que nous demandons désormais des réponses politiques, et non plus
médicales, à des questions politiques.
Outre nos revendications maintes
fois répétées [5] [6], nous exigeons
désormais :
- Que le corps médical soit définitivement déchu de tout droit de regard sur
nos vies de transgenre. Nous exigeons de ne plus traiter avec des médecins,
mais avec leurs donneurs/-ses d'ordres, les responsables politiques, afin que
soient enfin prises les décisions nécessaires à l'exercice réel de nos
droits humains et civiques égaux.
- Que toutes les discriminations transphobes exercées par l'État français
soient abolies, y compris, et notamment, toute pathologisation et
médicalisation de la transidentité, qui servent d'alibi à la discrimination
des personnes transgenre par cet État.
- Que l'État français mette en place une vraie lutte contre toute transphobie,
à commencer par la sienne, dans toute la société française.
- Que l'État nous paie réparation de tous les dégâts qu'il nous a causés au
fil des décennies, et qu'il continue de nous causer au présent.
Et aux personnes transgenre nous disons : Quand est-ce que nous changerons enfin
cet État et cette société transphobes, au lieu de chercher à nous y
conformer ?
Comme le disait si bien Christiane Rochefort : il est temps de « sortir les
couteaux ». D'établir enfin un rapport de force avec nos oppresseurs. D'agir au lieu de subir. De
lutter contre l'oppression par des actes, au lieu de la soutenir par des
paroles. »
Support Transgenre Strasbourg le 11 mai 2009
www.sts67.org
Notes :
[1] en bas de cette page :
http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_766400/projet-de-rapport-sur-la-prise
-en-charge-du-transsexualisme-la-has-ouvre-une-consultation-publique
[2] En conformité avec la nomenclature internationale courante, nous
appelons « transgenre » toute personne qui s'auto-déclare
transidentitaire, selon quelque critère et dans quelque mesure que se
soit.
[3] http://sts67.org/dl/text/2009-04-21_reponse_STS_HAS.txt
[4] http://www.rememberingourdead.org/
[5] http://sts67.org/dl/text/2004-10-19_cr_et_cp_ANAES.txt
[6] http://sts67.org/dl/text/2006-11-20_lettre_ouverte_Etat_HAS.txt
[7] http://1libertaire.free.fr/Rochefort01.html
[8] http://consultation.has-sante.fr/transsexualisme/transsexualisme.HTM
[9] http://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_Stockholm
Support Transgenre Strasbourg
www.sts67.org
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5 .VELA
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De : VELA <vigilance.lgbti13@yahoo.fr>
Date : lundi 11 mai 2009, 18:30:52
Objet : Transphobie et mascarade cynique, l'Etat français se surpasse
=================== Message d'origine ===============
« Le groupe VELA VigilancE Lgbti Aix approuve et soutient le STS67 dans
son appel au boycott de la mascarade cynique organisée par l'état français
(sous couvert de "consultation") dans le but trop clairement
évidement de maintenir la discrimination des personnes trans voire même de
l'augmenter encore.
La transphobie est institutionnalisée dans notre pays, ce n'est pas en
rencontrant des "médecins" (sic) que nous avancerons mais en
rencontrant, comme le réclame si bien le STS67, les responsables politiques
donneurs d'ordres de ces "médecins".
Aujourd'hui, en France, les personnes trans ont le choix entre collaborer (et
c'est volontairement que nous employons le terme collaborer) avec un système
discriminatoire, c'est à dire suivre un protocole au sein d'une équipe dite
officielle. Ce système, lourd, lent et compliqué leur garanti une mauvaise
prise en charge, des soins de mauvaise qualité, une vie dégradé et une perte
d'emploi ou bien l'impossibilité de trouver un emploi du fait du temps
nécessaire à la transition "officielle" et des exigences des dits
"médecins officiels", qui sont davantage les gardiens d'une
normativité que de réels praticiens de la médecine, c'est à dire des
personnes qui soignent.
L'autre choix offert aux personnes trans est de ne pas collaborer mais de suivre
un parcours au rythme où ils/elles l'entendent et en allant jusqu'où ils/elles
ont décidé-e-s d'aller et ce en consultant tout simplement et tout bêtement
les médecins qu'ils/elles ont décidé-e-s de consulter. Ce parcours
non-officiel permet de garder son emploi ou bien d'en trouver un plus facilement
tout en ayant un excellent suivi médical.
La volonté très clairement affichée du pouvoir politique est d'empêcher ces
parcours du second type.
C'est pourquoi VigilancE Lgbti Aix appelle au boycott de la ridicule
consultation des laquais du pouvoir politique et appelle les personnes trans à
une véritable prise de conscience de leurs forces, par exemple lors des
prochaines élections.
Ce dont nous avons besoin, personne ne nous le donnera, il nous faudra le
prendre ! »
VigilancE Lgbti Aix Collectif pour informer et témoigner sur les
discriminations LGBTI-phobes et organiser des actions.
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6. Les flamands roses
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De : lesflamandsroses@yahoo.fr
<lesflamandsroses@yahoo.fr>
À : newsletter@newsletter.lesflamandsroses.com
Date : jeudi 14 mai 2009, 04:02:09
=================== Message d'origine ===============
Communiqué des Flamands Roses sur le rapport de la HAS concernant la prise en
charge des personnes trans en France
« La Haute Autorité de Santé (HAS) a rendu un rapport provisoire
concernant la prise en charge des trans en France. Nous dénonçons la façon
dont ce rapport a été élaboré, qu'il s'agisse de ses conclusions, du
non-respect de l'identité des personnes trans dans l'emploi du masculin et du
féminin, ou encore de la méthode de consultation utilisée. En effet, la HAS
n'a consulté que des médecins émanant des équipes officielles (médecins
auto-proclaméEs spécialistes des trans ; alors qu'ils et elles ne suivent
qu'une minorité des personnes trans) et une majorité de trans sélectionnéEs
par ces équipes. Des associations ont aussi été consultées, mais leurs
parole est dénigrée, sous couvert de manque de neutralité scientifique. Les
conclusions du rapport vont à l'encontre des revendications associatives.
Le rapport se base sur la CIM 10 (Classification Internationale des Maladies) et
le DSM IV (Manuel diagnostic et statistique des maladies mentales, en
français), qui estiment que les personnes trans sont atteintes d'une maladie
mentale qu'il convient de traiter.
Le rapport dénigre les équipes médicales étrangères qui pratiquent des
opérations de type vaginoplastie (création d'un vagin chez les MTF) ou
phalloplastie (création d'un pénis chez les FTM). Or les techniques employées
en France accusent plusieurs décennies de retard : plusieurs personnes trans
ont vu leur vie gâchée à cause d'opérations ratées. Pourtant, le rapport
préconise à terme de décourager les opérations à l'étranger, où les
résultats sont satisfaisants et opérationnels.
Le rapport présente les opérations de réassignement génitales comme le but
ultime de la transition.
La HAS préconise un traitement hormonal en « deux phases » : la première est
une phase de supression des hormones sexuelles avant une deuxième phase
introduisant les hormones féminisantes (oestrogènes) pour les MTF ou les
hormones masculinisantes pour les FTM (testostérone). La première phase est de
durée indeterminée, soumise au bon vouloir de l'équipe et est dangereuse pour
la santé. En effet, des études montrent qu'une déficience en hormones
sexuelles induit une ostéoporose (les os se fragilisent) ; une des
molécules utilisées pour les MTF (acétate de cyprotérone) est reconnue comme
pouvant causer des problèmes de santé lorsqu'elle est prise seule.
Cette première phase est la seule autorisée durant l'« expérience de vie
réelle » préconisée par la HAS. Celle-ci peut s'étaler sur une durée
allant de trois mois à deux ans, voire plus, selon le bon vouloir de l'équipe.
Elle impose le coming-out brutal de la personne trans à tout son entourage
(famille, amiEs, travail...), qui aura des conséquences sur leur vie sociale.
Durant cette période, la personne ne reçoit aucune aide à la féminisation ou
la virilisation, ce qui l'exposera particulièrement à la transphobie. Cela la
forcera à adopter un comportement et une apparence stéréotypée du genre
d'arrivée, commandés par les psychiatres. Dans ce cadre, peut-on vraiment
parler de « vie réelle » pour une personne ne rentrant pas dans la norme
hétérosexiste ?
En effet, le rapport préconise que soient prises en compte, pour « la
réussite de l'expérience », les pratiques sexuelles de la personne trans,
ainsi que sa réussite socio-professionnelle. Nous pensons que les pratiques
sexuelles ainsi que le travail n'ont rien à voir avec l'identité de genre. De
plus, de nombreux psychiatres sont homophobes : des trans ont été rejetéEs
des protocoles à cause de leur homosexualité. D'autres qui ont été mariéEs
et ont eu des enfants ont subi le même sort, tout comme des séropositifVEs ou
des travailleurSEs du sexe et prostituéEs.
Quant à l'évaluation du traitement hormonal, celui-ci se base notamment, pour
les MTF, sur la taille des seins ; les MTF doivent ne pas avoir de poils et les
FTM doivent en avoir ; autant de critères culturels, arbitraires et
hétérosexistes qui assoient les normes de genre.
Ce protocole exclut les personnes intersexes (personne dont le sexe génital,
chromosomique est considéré ambigu par les médecins), qui sont considérées
comme malades. Sont aussi excluEs du protocole toutes les personnes ne rentrant
pas dans les normes de genre, ou qui ne se retrouvent pas dans les catégories
binaires « homme » et « femme ». Les trans mineurEs ne sont pas prisES en
compte par la HAS.
Avec les préconisations du rapport, toute personne rejetée par une équipe
officielle, le sera aussi par les autres, qui communiqueront entre elles, en
violation du secret médical. La généralisation prônée des équipes
officielles va à l'encontre de la liberté de choisir ses médecins, pourtant
prévue par le code de la santé. De plus, toutE professionnelLE de santé en
contact avec la personne trans devra coopérer avec l'équipe officielle, pour
n'importe quel acte médical.
Nous rejetons ce rapport.
Nous ne sommes ni des victimes, ni des malades mentauxALEs. Nos identités ne
sont pas réductibles à des catégories imposées par la société
hétéronormée, sexiste et patriarcale. Nous exigeons de pouvoir disposer
librement de nos corps, sans contrôle des médecins, ni de la loi qui impose
que les trans soient stériles pour accéder au changement d'état-civil. Nous
voulons pouvoir choisir de nous faire opérer et hormoner, si nous le souhaitons
et quand nous le souhaitons.
Nous refusons le chantage qui nous est fait : être considéréEs comme malades
mentauxLEs ou ne pas être prisES en charge par la sécurité sociale. Pourtant,
les personnes enceintes sont prises en charge sans pour autant être
considérées comme malades, tandis que de la même manière l'avortement et
certains contraceptifs sont partiellement remboursés, ainsi que les traitements
hormonaux post-ménopause. Nous exigeons donc que cette prise en charge soit
étendue, avec un remboursement à 100% de tous les actes liés à la transition
et de tous les moyens de contraception.
Nous exigeons :
- la dépsychiatrisation des trans , sans expertEs censéEs
séparer les vraiEs trans du reste de la population ;
- le droit à disposer de nos corps : arrêt des traitements imposés aux
intersexes, accès libre et remboursé aux actes liés à la transition, arrêt
des pressions exercées par la médecine et l'état pour imposer la chirurgie
génitale, contraception et avortement libres, gratuits et accessibles ;
la fin du traitement hormonal en deux phases et l'accès à une véritable
information sur les traitements, pour permettre aux trans de participer
pleinement à leur traitement ;
- la dissolution des équipes officielles et le libre choix des médecins ;
- la prise en charge des soins par la Sécurité Sociale ;
- la reconnaissance officielle et légale de la transphobie et la mise en place de
réelles campagnes de prévention contre les discriminations sexistes et
LGBTIphobes ;
- la suppression de la mention du sexe à l'état-civil et le droit pour chacunE
de modifier son identité légale s'il ou elle le désire. »
Les Flamands Roses
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Et puis, et puis… toute droite sortie de son chapeau rose… la ministre de la santé fait son show… et froid :
De : Cornelia
Schneider <cschneider@pccsxb.com>
Date : 16 mai 2009 11:48
Objet : Du sable aux yeux ?
URL : http://www.liberation.fr/depeches/0101567661-la-transsexualite-ne-sera-plus-classee-comme-affectation-psychiatrique
« Encore un non-événement propagandiste de Roselyne Bachelot ?
Les trans' ne veulent pas changer de "maladie" ni de
"trouble", on veut en être débarrasséEs une bonne fois pour toutes.
Ce n'est pas pour rien que STS et d'autres luttent depuis des années pour la dépathologisation
et la démédicalisation de la transidentité.
Voir le communiqué STS d'il y a quelques jours.
Et en plus, si Mme Bachelot tient ses promesses envers les trans' comme elle
tient celles envers les homos (don du sang, VIH etc.), on n'est pas près d’en
voir la couleur... »
Cornelia Schneider
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De: Act Up Medias
<medias@actupparis.org>
Sujet: Trans dépsychiatrisés : on aimerait bien.
Date: Lundi 18 Mai 2009
« Roselyne Bachelot-Narquin a annoncé la déclassification de la
transidentité de la liste des « affections psychiatriques de longue
durée ». Cette appellation entrait dans le cadre de la grille de
remboursements de la Sécurité Sociale, mais n’a rien à voir avec le
parcours de transition.
Autrement dit, rien ne change dans la vie des trans en dehors de la
catégorie qui ouvre droit à un remboursement, et surtout pas la
psychiatrisation forcée.
Act Up-Paris reconnaît la portée symbolique de cette annonce, mais exige
qu'elle se traduise concrètement dans le parcours de soins.
Pour le Ministère de la Santé, les trans restent des malades mentauxALES, qui
doivent suivre un parcours médical protocolisé : suivi psychiatrique
diagnostiquant un « trouble de l’identité de genre » pour obtenir une
hormonothérapie et des opérations de modifications corporelles pour les trans
qui le souhaitent. Le processus pour obtenir un changement d’état-civil reste
long et difficile, et comprend des expertises psychiatriques et médicales
souvent ressenties comme des viols.
La transphobie étatique continue.
Act Up-Paris ne se contente pas de l’annonce d’une mesure symbolique et
continue d’exiger :
- la dépsychiatrisation des trans,
c'est-à-dire la liberté de faire une transition dans des conditions décentes,
sans être soumisE au bon vouloir d’unE psychiatre,
- l’intégration de la transphobie à la
liste des discriminations reconnues par la HALDE, et une enquête sur la
transphobie,
- une réelle concertation associative
autour du rapport de la HAS,
- une étude épidémiologique de la
prévalence du VIH chez les trans.
- une étude clinique sur l’interaction
entre hormones de substitution et ARV
- la simplification et l’humanisation des
procédures de changement d’état civil. »
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URL:
http://www.tetu.com/actualites/france/marie-helene-bourcier-lesinstitutionsne-doivent-plus-victimiser-les-trans-14669
Et encore, et encore….
« ...la lutte contre l'homophobie, la lesbophobie, la transphobie,
c'est le combat de ma vie... », dixit madame la ministre de la santé.
http://www.dailymotion.com/video/x9oxnk_roselyne-bachelotnarquin-interviewe_news
****
Mon commentaire sur toute cette agitation
L’accès au don du sang pour les
gays n’était-il pas une vieille promesse faite par Madame Bachelot ?
Quand cette ministre se bat, on
apprécie les résultats !
Et voila, oserai-je dire qu’il
ne s’est rien passé de positif ce printemps pour la transidentité ?
Allez, j’ose…
Le projet funeste (mais sans
surprise) de la HAS et sa horde de psychiatres transphobes, sous l’égide du
ministère de la santé à immédiatement provoqué l’évidente et inévitable
levée de boucliers des associations transgenre.
L’annonce symbolique mais parfaitement inopérante et fumeuse de Madame Bachelot (16mai09), ne fait qu’ajouter au non événement, au non-dit, au non-avenu.
Voulez-vous que je vous dise ? La situation actuelle des Transgenre n’est déjà pas simple, oh combien… mais avec les coups tordus qui s’amoncellent et se confirment, elle ne va pas être simplifiée, bien au contraire. On parie ?
Madame la ministre et ses sigisbées, vont partir en vacances avec le sentiment très sûr du devoir accompli… « Pôvre de nous ! », aurait dit mon grand-père.
Le slogan des marches LGBT 2009 « Non à la transphobie » a fait long feu.
On aurait été tenté(e)s de croire qu’on allait enfin faire avancer le problème de la transidentité en France…
- Rien à signaler alors ?
- Non, rien. Rien que de l’agitation…pour
rien. Des nèfles.
- Et donc ?
- Ben rien.
- Oh !
- Ben oui…
- A Pâques l’année prochaine
alors ?
- Ou à la Trinité…
Sic transit gloria.
Samantha
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© Samantha Paul, le 1er Juin 2009 - Tous droits réservés
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