Faire sa transition |
« Dans ‘’Le Banquet de Platon’’, Aristophane affirme que dans le
monde mythique d’autrefois il existait trois types d’êtres humains.
Autrefois,
les êtres humains ne naissaient pas homme ou femme, mais homme/homme,
homme/femme ou femme/femme. Autrement dit, il fallait réunir deux personnes
d’aujourd’hui pour en faire une seule. Tout le monde était satisfait comme
ça, et la vie se déroulait paisiblement. Mais Dieu a pris une épée et a coupé
tous les êtres en deux, bien nettement, par le milieu. Résultat : il y a
eu des hommes et des femmes, et les gens se sont mis à courir dans tous les
sens toute leur vie à la recherche de leur moitié perdue. »
Propos
liminaire
Cette page est née d’un désir de lever un coin du voile qui dissimule les
multiples obstacles rencontrés à l’occasion d’une transition.
Entamer sa transition, c’est un peu se trouver dans la situation d’un
voyageur égaré dans un pays étranger et hostile, ne connaissant pas les
chemins, s’arrêtant à chaque croisement, perdu, espérant en vain apercevoir
quelque chose ou quelqu’un qui lui montre comment continuer…
Ce monde ne sait pas donner l’image d’une communauté humaine où des
minorités (ici l’identité de genre) auraient leur place, à laquelle elles
aimeraient s’intégrer et où elles trouveraient un peu de compréhension, de
chaleur.
Ainsi certains se réfugient-ils dans la marginalisation pour échapper aux
contraintes de la « normalité ».
***
Pour
certains, c’est une évidence. C’est en eux. S’ils ferment les yeux, ça
leur saute dessus dans l’obscurité. Le miroir de l’âme leur renvoie
invariablement l’image de leur genre ressenti. Pour d’autres, tout commence
par un je-ne-sais-quoi d’indéfinissable, suivi d’interrogations ; de
plus en plus entêtantes, toujours plus prégnantes, jusqu’à devenir un
secret bien difficile à soutenir.
Que faire alors de ce secret? Comment porter ce trouble ?
Dans les deux cas, ils vont devoir prendre conscience que c’est en se
reconnaissant comme tels qu’ils pourront affronter la réalité et combattre
tout ce qu’il y a de négatif dans un monde d’intolérance et de rejet des
différences.
*****
« Pour
l’instant, vivez les questions. Peut-être, un jour, entrerez-vous ainsi, peu
à peu, sans l’avoir remarqué, à l’intérieur de la réponse. »
*****
Où
il est indispensable de rompre avec l’enfermement moral
Parmi d’autres sites, Entraide Transgenre Tours est un pas offert vers la
sortie du placard transidentitaire.
Faire sa transition n’est pas chose aisée… Peur de l’inconnu, peur
du jugement, peur de la vie… la nouvelle. Celle qu’on voudrait
s’approprier mais qu’on ne peut imaginer, même en rêve.
En proie à nos émotions, nous sommes probablement notre premier ennemi avant
d’oser faire un coming out et entamer une transition.
Trop souvent par peur de l’autre.
L’autre n’y est pour rien. En tout cas, pour le moment. Il ne nous attend
pas avec nos deux valises emplies de doutes et de pusillanimité au bout des
bras. A la rigueur n’est-il coupable que de son hypothétique jugement à
notre égard. Au fait, et si la peur découlait aussi de ce qu’on ne s’est
pas tout à fait accepté(e) soi-même ?
Le problème, c’est qu’on s’installe dans un mal-être durable, qu’on
s’enferme dans une solitude conduisant parfois à une dépression en boucle
plus ou moins profonde.
*****
« Il
faut parler. Aux proches, s’ils sont capables d’écouter. Parlez, ne tombez
pas dans le silence qui sépare des autres, ravage la vie quotidienne, peut détruire
un environnement familial, un tissu relationnel. Et ne vous livrez pas à
l’autodépréciation.
Il faut chercher la lucidité, comprendre que si ceux qui vous aiment ont
supporté votre dépression si longtemps avec autant de bienveillance,
d’entraide, c’est parce qu’ils vous aimaient, certes- mais aussi parce que
vous ne valez pas totalement rien- alors arrêtez de vous autodétruire.
Quelque chose de mystérieux qui s’appelle le retour de la volonté, la nécessité
de corriger la faute, la prise de conscience de sa valeur, va surgir à un
moment ou à un autre. Rien n’est fatal, rien n’est définitif, tout est
affaire d’énergie. Elle n’est jamais complètement éteinte. Et puis aussi,
et enfin, il faut savoir que la chance peut intervenir. Et puis aussi, et enfin,
il reste ce que l’on appelle l’espoir.
Je sais bien et j’imagine aisément que ces quelques préceptes peuvent apparaître
« plus faciles à dire qu’à faire », pour utiliser une formule
passe-partout. Je sais que si l’on est prisonnier de la broyeuse, perdu au
fond de ses ténèbres en pleine détresse, enserré par les corbeaux noirs de
l’Inquiétude, on est capable de rejeter ces leçons et d’exprimer, dans un
ricanement triste et résigné, je ne sais quel « cause toujours ! »
Mais je ne « cause » pas dans le vide, je ne m’exprime pas de
nulle part, je crois savoir de quoi je parle. J’ai été ce que vous êtes.
Vous serez ce que je suis. Je ne suis ni plus fort ni plus faible que vous. Je
n’avais jamais rien connu de tel. Je l’ai vécu, j’en suis sorti, j’en
reviens. Alors, à travers le rideau opaque de votre détresse, retenez ceci :
une situation s’est dénouée ; j’ai été aimé et aidé, le temps à
œuvré ; j’ai fait le reste. »
*****
Où
l’expression écrite et orale est essentielle
C’est à nous de faire le premier pas, si difficile soit-il.
Cette première démarche est sans doute la plus laborieuse car il va falloir préalablement
apaiser nos angoisses, chasser tout sentiment de honte, apprendre à ouvrir nos
cœurs, puiser l’énergie au fond de soi.
S’accepter pour s’assumer : « Je suis différent(e) ; et
alors ? » S’aimer mieux…
Ne pas se figer dans la solitude morale et s’appuyer si possible sur la
complicité de deux ou trois personnes proches.
Se rapprocher éventuellement d’un groupe ou d’une association transgenre.
Parler, échanger. Se libérer des chaînes d’anxiété qui entravent. En
parler, c’est comme surmonter un obstacle, libérer un secret profond.
*****
« L’avenir
n’est que du présent à mettre en ordre. Tu n’as pas à le prévoir, mais
à le permettre. »
*****
Où
il convient de ne pas sous-estimer le fardeau de l’intolérance
L’intolérance est dans toutes les couches de la société :
l’administration, l’environnement professionnel, la famille, les amis, les
voisins, la rue… partout où il y a beaucoup de bouches qui parlent et fort peu de têtes qui pensent.
L’Etat français ne donne pas non plus l’exemple ; il conviendra
particulièrement d’éviter les pièges divers et variés, les miroirs aux
alouettes…
Par l’entremise de cette page, il n’est d’autre dessein qu’essayer de présenter
quelques exemples de transition, assortis d’informations utiles à toutes les
personnes qui -dans la grisaille du présent- aspirent à un jour nouveau, une
vie nouvelle, des printemps nouveaux…
Je
souhaite simplement expliquer à ceux qui sont psychologiquement insuffisamment
préparés que pour beaucoup, faire une transition, c’est remplacer une
souffrance, le placard, par une autre, l’intolérance…
Mais je veux aussi leur dire que ceux qui se résignent ne vivent pas :
ils survivent.
*****
« Je
veux vous laisser seul face à votre conscience, et libre de vos choix.
Je crois simplement devoir vous mettre en garde : je sais qu’il faut
supporter le regard des autres, leur mépris, leur méchanceté, ou tout
simplement leur science face à notre supposée ignorance, leur solidité devant
nos prétendus égarements, leur rigueur contre notre immoralité, leur vertu
contre notre perversion. Je sais qu’il faut composer avec le rejet. Je sais la
solitude et la souffrance. Je sais l’enfermement.
Ne vous offrez pas à la vindicte, ne vous offrez pas sans précaution à la
cruauté des autres. »
*****
Où
il convient néanmoins de décider du sens à donner à sa vie
Ne pas s’exposer inutilement donc, tant qu’on n’y est pas prêt(e).
Cela dit, on peut s’asseoir sur le bord du chemin et attendre. S’enfermer
dans sa souffrance et en faire porter à l’autre le poids de la responsabilité.
Aux cartes on appelle cela se défausser…
Le monde indifférent, lui, avance. Il piétine les êtres pusillanimes et ne
s’arrête que rarement pour leur porter assistance. Soyons réalistes :
On est obligés de vivre avec les autres. Rester en marge n’apporte que bien
rarement une solution satisfaisante. Au pire, en entamant une transition, à défaut
d’éveiller la tendresse, échauffera-ton peut-être le fiel des imbéciles et
titillera-t-on leur navrante imagination…
Quand on a peur on trouve toujours des raisons pour justifier ses peurs.
Mais si l’on aspire à une vie qui aille mieux, le pire serait peut-être de
ne rien entreprendre pour soi. Et puisque cette vie nous est offerte, pourquoi
attendre la prochaine ?
*****
« Il
n’y a pas d’injustice. L’injustice, c’est de croire que les choses
pouvaient se passer autrement. Et sans doute qu’elles peuvent toujours se
passer autrement. Quand tu es sur la route et que tu te rends quelque part, même
si tu ne sais pas où tu vas, tu peux toujours prendre à gauche, tourner à
droite, faire demi-tour, tu peux t’arrêter pour pisser ou contempler le
paysage, l’avenir est ouvert. Après coup, quand tu te remémores les étapes,
tu as aussi la liberté de te dire : j’ai suivi tel chemin, c’était le
seul chemin pour moi. Ou bien : j’aurais pu choisir un autre itinéraire,
j’aurais pu arriver ailleurs. C’est encore toi qui décides. Il n’y a
personne pour te dire que ta route était tracée d’avance ou qu’elle ne
l’était pas. Il n’y a que toi. C’est toi qui décides le sens que tu
donnes au voyage. Alors si tu préfères croire qu’on t’a refilé de
mauvaises cartes, libre à toi. »
*****
De
la difficulté à proposer un guide standard de la transition
L’expérience du soutien depuis la création de ce site en mars 2005, m’a démontré
la grande diversité des cas qui se présentaient à moi. Même si l’assertion
peut sembler à priori excessive, je pense pouvoir
dire qu’il y a presque autant de façons de faire une transition qu’il y a
de personne concernée, selon son propre ressenti, et surtout selon les
contraintes diverses, liées à l’âge, les origines sociales, la
situation familiale, l’appartenance à une
tradition religieuse, à une nationalité, à un groupe ethnique, à une
famille, à une profession, à un milieu social…etc.
Et chaque sollicitation nouvelle me façonnait dans l’idée que cette page
aurait bien des difficultés à voir le jour…
Comment en effet, proposer un modèle de transition qui puisse harmonieusement
s’ajuster à une telle hétérogénéité de cas donnés ?
On ne le fera pas…
Selon les cas, la transition sera seulement plus ou moins longue, plus ou moins
délicate, plus ou moins douloureuse, ou même, ne sera pas…
Mais ce n’est pas une raison pour ne pas esquisser l’ébauche d’un pilote
afin d’éviter certaines erreurs broyeuses de temps et d’énergie, génératrices
de tourments, à ceux qui s’aventurent sur le chemin souvent laborieux de la
transition.
La période de transition est une école de patience et de persévérance.
Chacun(e) en a fait ou en fera l’expérience.
*****
« Les
plus grandes époques de notre vie sont celles où nous avons enfin le courage
de déclarer que le « mal » que nous portons en nous est le meilleur
de nous-mêmes. »
*****
Où
il est question d’engeance transphobe
sous l’égide de l’Etat
« Les gens d’Eglise prétendent que Dieu éprouve très fort ceux
qu’il aime. Et moi je dis que si Dieu pouvait nous aimer moins, ça nous allègerait
probablement… »
Et
si l’Etat et ses équipes officielles pouvaient en faire de même pour la
transidentité…
Les
protocoles qui nous sont infligés par les psychiatres autoproclamés en équipes
officielles, sont parfaitement scandaleux et dégradants. Certains groupes
transgenre se sentant probablement malades, restent acquis à l’accompagnement
pathologique et psychiatrique. Ces positions prosélytes, entrainent nombre de
transgenre totalement désinformés, souvent désargentés, dans une voie sans
issue. Les gouvernements successifs
surfent sur nos providentielles divisions, lesquelles accentuent la fragilité
de notre communauté de façon préoccupante et confortent l’autorité de ces
honteuses structures.
Nombre de suivis entamés via ce Léviathan anti transgenre rejettent 96% des
candidates à la transition, en vertu de critères incohérents, partiaux,
dignes de l’inquisition la plus brutale. A raison d’un rendez-vous
trimestriel, on laisse se morfondre les « malades » dans une lente
torture morale. Et que croit-on qu’ils fassent de ces personnes après récusation ?
RIEN, puisqu’elles ne satisfont pas à leurs codes définis
arbitrairement.
Plus aucun soutien pour peu qu’elles en aient jamais bénéficié à leur
contact. L’impasse.
On les laisse sur le bord du chemin désert, sans plus aucun panneau de
signalisation pour s’orienter. Au bout, comme seul horizon, la désespérance,
la géhenne…
Ils sèment le désarroi dans les rangs transgenre.
On ne discourra point trop longuement des « lauréates », ces 4%
qui, au terme de parfois plusieurs années d’inquisition intime, sont « autorisées »
à entamer leur transition via un traitement hormonal castrateur de deux ans
voire plus, au terme duquel elles seront peut-être admises à la thérapie suprême
et salvatrice : « La vaginoplastie ».
Car pour cet aréopage arrogant, tellement sûr de son fait, cette opération
est la condition sine qua non pour être reconnue transgenre, pur produit de
leur imagination malsaine.
Il est impossible de se protéger contre la bêtise. Elle est partout.
Il est par ailleurs clairement prouvé qu’une telle chirurgie est loin d’être
au point dans notre pays. Le devoir de résultat ne semble pas un but en soi, si
l’on en croit les témoignages de quelques retentissants ratages, assortis de
lourdes complications postopératoires pour les « élues ».
Après tout, cet acte est pris en charge par la sécurité sociale... On peut
dire qu’en l’occurrence, hélas, la gratuité à un prix ; et il est
lourd pour la transidentité française.
Par le biais de ces structures d’Etat, outre les préjudices décrits plus
hauts, on laisse consciemment véhiculer l’idée auprès du grand public que
nous pourrions être des personnes atteintes de pathologies mentales graves,
voire affectées de perversions sexuelles inavouables… L’usage abusif du mot
« transsexuel(le) y contribue d’ailleurs.
De surcroît, ce parcours soit disant imposé est culpabilisant. Il laisse
entendre aux plus fragilisées qu’elles pourraient être « malades ».
Certaines en devenant parfois quasiment persuadées !
C’est ainsi que les personnes transgenre les moins aisées financièrement, ne
trouvent pas d’autre issue que les équipes officielles… l’espoir d’une
opération gratuite ! Le miroir aux alouettes et ses conséquences
douloureuses !
Chose
encourageante, le monde transgenre, lentement s’organise et réagit contre ces
insupportables servilités, via la création de nouvelles associations qui
s’opposent avec vigueur à toute pathologisation/psychiatrisation et réclament
plus haut et plus fort le droit fondamental à disposer de notre corps et de
notre genre, ainsi que la suppression des protocoles humiliants et le droit à
un suivi par un médecin de notre choix.
L’idée servie par quelques rares personnes Transgenre il y a peu d’années
encore, fait peu à peu son chemin à travers les ronces de la bêtise… mais
dieu que ça va être long !
Pour
toutes les personnes qui refusent l’inacceptable, il reste le système D,
seule voie en France aujourd’hui pour y parvenir, à cause notamment du déni
de nos gouvernants qui favorisent notre parcage dans des hôpitaux ès
transphobie pour nous y laisser mitonner lentement à l’abri des regards des
braves citoyens qui pourraient être traumatisés par notre différence…
*****
« Il
faut pas insister quand on sent qu’on est rejeté de tous les côtés à la
fois, il faut regarder devant soi et continuer tout seul sur son chemin. »
*****
A présent
que ces choses sont établies, je veux juste préciser que faire sa transition
hors protocole est dans bien des cas, tout à fait possible.
Cela ne rend pas ces transitions illicites. En dépit des divers guêpiers ça
et là, elles expriment seulement un gout farouche et irréfragable pour la
liberté de vivre son corps et son genre en s’émancipant des inacceptables
ingérences de l’Etat dans notre intimité.
Les expériences détaillées ici n’ont rien d’histoires fantasmées :
…C’est
juste la réalité. C’est juste la vérité.
*****
« J’aimerais
bien qu’un regard vrai, qu’un regard juste perce un jour tous mes masques et
me voie dans ma vérité, et que, m’ayant vue telle que je suis, il
m’accepte et m’aime. Je pourrais dire alors : « Enfin ! »
A
quel moment de sa vie doit-on faire sa transition ?
Quel est le moment de la vie le plus opportun pour entamer une transition ?
La réponse logique, c’est qu’on l’envisage généralement lorsque la vie,
autrement que dans le genre ressenti, devient insupportable… C’est souvent
ainsi.
En réalité, tout n’est pas aussi simple, pour autant que quelque chose soit
simple pour la transidentité…
A chaque âge ses difficultés spécifiques. Elles tournent presque toujours
autour de l’intolérance, avec souvent l’ombre prégnante du suicide qui rôde.
Et ce sont sans doute les jeunes plus qui en paient le plus lourd tribut :
parce qu’à l’intolérance morale, s’ajoutent en milieu scolaire les
intimidations, les humiliations diverses et, de plus en plus fréquemment
semble-t-il, les violences physiques.
Il suffit de lire certains témoignages de jeune trans. On voudrait croire que
ce n’est qu’exagérations alors que ce n’est que réalité.
Par manque de vécu, leur jeune vie n’est pas tout à fait prête à supporter
cette engeance.
Nos jeunes, plus que jamais, ont besoin d’un soutien particulièrement renforcé.
Faut-il encore qu’ils le sollicitent ; et quand ils le font, ça ne
suffit pas toujours, hélas…
A trente
ans, on travaille généralement. On doit préserver son emploi, au mieux,
privilégier sa carrière, pense-t-on. Souvent, on repousse à plus tard…
encore plus tard.
En espérant des jours meilleurs.
Parfois, on entre dans la « normalité ». On se marie, on a des
enfants…
A
cinquante, soixante ans, la famille est un frein, surtout si, au terme d’un déjà
long vécu, des enfants sont nés d’une union…
Il n’y
a donc pas de moment plus propice qu’un autre. Chacun(e) vivra son expérience
et gèrera sa transition quand l’opportunité et certaines circonstances de sa
vie lui paraîtront enfin à portée…
*****
« Si
vous faites advenir ce qui est à l’intérieur de vous, ce que vous ferez
advenir vous sauvera. Si vous ne faites pas advenir ce qui est à l’intérieur
de vous, ce que vous ne ferez pas advenir vous détruira. »
*****
Transition :
les tribulations d’une personne transgenre
Comme dit plus haut, il n’y a pas de parcours type.
Car la transidentité est plurielle. Elle prend des formes différentes selon
les aspirations et ressentis individuels. On ne s’attardera donc pas ici sur
toutes les nuances qui en font à la fois son indéniable richesse et ses
faiblesses réelles ou supposées.
Suivons donc cette personne dans un parcours qu’on qualifiera de « classique »
et voyons-la se débrouiller des multiples embûches auxquelles elle ne manquera
pas d’être confrontée.
Préalable :
Aborder sa transition avec la ferme intention de la réussir et d’aller au
bout, sans jamais céder un pouce de terrain à l’adversité et à la bêtise.
Préserver son libre arbitre. Ne pas accepter les yeux fermés les soi-disant
protocoles faits sur mesure pour les trans. Ne pas se laisser dicter ni donner
la moindre « autorisation » par qui que ce soit. Diriger, prendre sa
vie en main et ne pas laisser les autres décider à sa place de ce qui est
supposé lui convenir. Garder la maîtrise de son parcours. Anticiper sans
jamais subir. Se servir des personnes utiles. Contourner les cons.
Les difficultés lors d’une transition sont multiples. Être donc prêt(e) à
tout entendre et rester fermement concentré(e) sur l’objectif quoi qu’il
arrive.
Où
l’on aborde les principales démarches à envisager
1.
Soi-même
Premiers pas vers l’inconnu, donc l’effrayant…
C’est l’étape sans doute la plus difficile car il va falloir : dépasser,
vaincre ses peurs, ses inhibitions, exclure tout sentiment de honte.
S’accepter pour s’assumer. Ne pas rester seul(e) si possible. S’appuyer
sur la complicité d’un(e) ou deux ami(e)s, éventuellement, se rapprocher
d’un groupe transgenre qui s’efforcera de conseiller et guider selon les cas
spécifiques.
Avoir choisi un prénom car c’est sous cette identité qu’on identifiera désormais
la personne. C’est le premier pas qui coûte : sortir la première fois
si possible accompagnée. S’habiller et se maquiller sobrement : la discrétion
sur ces deux points est recommandée. On n’est pas en représentation…
Éviter de « raser les murs », rester naturel(le) et soutenir
plaisamment les regards.
« En effet, les sympathies sont provoquées par le premier aspect ;
l’œil franc et le sourire loyal appellent le sourire et la caresse du regard. »
Renouveler l’expérience aussi souvent que possible, être visible (et non pas
voyante) dans les commerces, dans son quartier. Décliner son prénom dans le
genre ressenti, partout où c’est possible et utile. Chez les commerçants, se
faire délivrer des cartes de fidélité sous ce même prénom. Développer
ainsi sa notoriété. Se faire adresser des courriers administratifs ou
commerciaux. Ne pas faire de concession, insister pour se faire nommer
Mademoiselle, Madame ou Monsieur, partout où l’on passe, reprendre gentiment
les personnes qui par « mégarde » se tromperaient de civilité.
2.
La famille
Cette démarche est très intime et peut se régler plus ou moins bien selon
le degré de tolérance du cercle familial.
2.1.
Les parents
En
principe, ils ont pour mission de porter à leur enfant amour et soutien.
Sauf cas désespérés, la révélation aux parents se passe généralement
d’autant mieux qu’elle se
déclare assez jeune. Dans ce cas, la réaction
est souvent négative, mais dans un premier temps
seulement. Non pas forcément
par rejet de la transidentité, mais par peur de ce que la société lui
fera
subir. « Quelle sera la vie
affective de mon fils Alain* ? Trouvera-t-il* du travail ? Ne
sera-t-il*
pas l’objet de discriminations toute sa vie ? Sera-t-il*
vraiment heureux s’il s’habille en fille » ?
* L’emploi du pronom et du prénom de naissance restent d’usage pendant une
durée indéterminée…
Rappeler gentiment, patiemment, mais fermement le prénom
désormais en usage.
« Je ne m’y
ferai jamais !! Ne préfères-tu pas rester « normal ? »
Mais tu veux donc faire mourir de honte ta pauvre mère* ! »
* Curieux comme nombre de parents aiment leur progéniture pour eux-mêmes,
comme si elle était leur propriété à vie… sans compter la
culpabilisation.
A charge pour l’intéressé(e) de se montrer rassurant(e), de dédramatiser en
affichant assurance et détermination, de convaincre progressivement et
patiemment ses parents par des actes concrets, que son intégration est une réalité
et qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer.
Il y a bien sûr des parents totalitaires, irascibles, indécrottables.
Certains jeunes, aimants et pas tout à fait émancipés, en souffrent énormément.
Les amis, les groupes transgenre peuvent être un exutoire provisoire, en
attendant des jours plus propices.
Plus la personne en transition est âgée, plus
l’acceptation est aléatoire. Mais encore une fois, tout est ouvert !! Et
si les portes se ferment, ne pas perdre de vue qu’on ne vit pas pour les
parents, mais pour soi.
On s’entendra parfois dire par ses proches, comme en désespoir de cause :
« C’est ta vie, tu fais comme tu
le sens… » Surtout, ne
pas s’en priver.
Il conviendra de les aider à accepter en gardant si possible le contact et
tenant régulièrement les parents informés des avancées positives.
La famille c’est important. Son soutien sera utile et moralement important
tout au long de la transition.
Utile mais pas incontournable. Si nécessaire pour cause d’intolérance
persistante, dans le pire des cas, on pourra et on devra s’en passer, car leur
avis n’est après tout que consultatif : de nombreuses transitions se
sont faites et se feront encore sans l’assentiment parental.
2.2.
Les
enfants/ Le conjoint
Le mieux est d’avoir divorcé… Dans ce cas, s’il n’y a pas d’enfant,
l’avis du conjoint n’est pas nécessaire. Dans le cas contraire, mieux vaut
l’en informer rapidement et s’assurer de son niveau de tolérance… En
discuter calmement, longuement, patiemment. Selon le cas, les enfants (en bas âge)
auront ou n’auront pas trop à souffrir des commentaires négatifs de leur
maman, liés à la transidentité de leur papa.
Le cœur d’un très jeune enfant n’a pas de préjugés. S’il est fertilisé
par une éducation appropriée, bien des difficultés seront aplanies.
Si les enfants sont adolescents, il y a risque de rejet et de situation
conflictuelle. A charge pour les parents –unis si possible pour la
circonstance- d’aborder le sujet avec un maximum de psychologie. Souvent, il y
a loin des écrits à la réalité… je sais. Je sais trop bien.
3.
Les amis
Arthur Schnitzler disait qu’on peut être déjà content quand les gens ont de
vous une idée générale à peu près juste ; et dès qu’ils entrent
dans le détail, ils ne voient quasiment plus que vos défauts, surtout si ce
sont vos amis.
Alors quand vous les instruisez de votre transidentité…
Mais sans porter un jugement aussi définitif, on peut avancer que là comme
pour quantité d’autres événements de la vie, les amis sincères répondront
toujours présent tandis que les autres se feront discrets, très discrets… et
c’est tant mieux. C’est le moment de faire le tri sélectif. Pour ceux
qu’on trouvera dans le camp du rejet, on se demandera à juste titre, qui est le plus humain, de la personne
transgenre révélant son identité de genre, ou des membres se son entourage
représentant la société dite « normale » - les gens
« « convenables ».
*****
« Tu
n’as qu’à regarder les gens qui t’aiment. En les regardant dans les yeux,
tu verras comment ils te voient. C’est tout ce qu’on a besoin de savoir sur
soi-même. »
*****
4.
Les médecins, la recherche de TSH
Le
rejet, pas vraiment. L’incompétence, l’incompréhension, souvent. Par
manque de formation, tout simplement. Forte inclination à se défausser sur le
dieu psychiatre… mieux vaut laisser tomber cette fausse « solution ».
Pour le moment, on en est juste au stade d’une recherche de médicaments pour
simplement diminuer sa dysphorie de genre.
On est encore en situation de « demande », donc un peu fragile.
Inutile pour le moment de faire appel à un psychiatre qui ne peut que ralentir
et parfois détourner la démarche de la personne en transition.
Pour les personnes qui ne saisiraient pas trop bien, qu’elles me contactent,
j’expliquerai…
La démarche
initiale la plus courante : le médecin référent. Dans la plupart des
cas, la demande de TSH est vaine. Quelques rares praticiens y répondent
favorablement quand ils connaissent bien leur patient(e). Pour le traitement
hormonal, l’idéal est plutôt de se faire recommander auprès d’un
endocrinologue « consentant » par le médecin traitant.
Rappelons que les endocrinologues subissent des pressions de la CPAM pour ne pas
satisfaire nos sollicitations. Certains se défaussent aussi sur un psy…
On tourne souvent en rond, on perd pas mal de temps et d’énergie. Il faut
persévérer. Interroger les endocrinologues de sa ville, un à un s’il le
faut. Et toujours le système D…
On finit toujours par trouver.
5.
L’acte de Notoriété
Ce document est très utile pour les démarches de reconnaissance identitaire
immédiate. Ultérieurement, il alimentera avantageusement le dossier de demande
de changement d’état civil.
L’acte de notoriété est délivré par un notaire en contrepartie d’un
certain nombre de preuves attestant de la visibilité sous statut du genre
ressenti et moyennant un budget d’environ 200 euros. Attention, les tarifs étant
souvent à géométrie variable selon les notaires, il est plus prudent d’en
interroger deux ou trois avant d’engager votre dépense…
Extrait
de la page ETT « Ma transition » :
« Depuis
le tout début de ma transition j’avais ajouté mon prénom féminin sur ma
boite aux lettres et je me faisais adresser des courriers commerciaux ou
administratifs sous cette identité.
Le cumul de ces courriers ajouté au témoignage de deux amies, m’ont permis
de me faire établir un acte de notoriété.
Dès lors, cet acte m’a permis de me faire reconnaître officiellement sous
statut féminin auprès de :
Voir
aussi :
Acte de notoriété
6.
La Mairie
Sur présentation d’un acte de notoriété, il est possible de faire
porter une modification sur sa Carte Nationale d’Identité
et sur son passeport : La civilité ne change pas.
En revanche il est possible de faire suivre le prénom de naissance de la
mention « Dite Virginie »
ou « Dit Julien ».
Cette modification officialise la notoriété. Elle constitue un atout appréciable
dans les rapports avec les différentes administrations comme la Poste par
exemple…
Cette CNI, ainsi modifiée, sur simple présentation, permettra en outre de se
faire établir par sa banque une carte visa et un chéquier avec prise en compte
du nouveau prénom en lieu et place de l’ancien, ainsi que la civilité du
genre ressenti.
Accessoirement elle élimine les questions indélicates de la police lors de
contrôles routiers par exemple, liées à une tenue vestimentaire qui ne serait
pas en adéquation avec l’identité…
Cette démarche apporte une plus-value indéniable à la notoriété.
7.
La CPAM
Auprès de cette vénérable institution qu’on pourrait aussi baptiser
« Grande Loterie Nationale » (Cf. rubrique 11 : L’opération),
l’acte de notoriété permet une prise en compte du prénom dans le genre
ressenti pour les échanges de courriers. Peu de chance d’obtenir un
changement de prénom sur la carte vitale, mais en y allant au culot, ça peut
parfois passer sur un malentendu ; chose vue et avérée (Cf. mon propre
cas).
Pour les
personnes ayant bénéficié d’un jugement favorable de changement d’état
civil, sur présentation de l’acte de naissance modifié,
la CPAM adresse le dossier à l’INSEE qui modifie le chiffre 1 par 2 ou 2 par
1.
Une nouvelle attestation est établie sur le champ et la nouvelle carte Visa est
adressée dans les quatre à six semaines qui suivent l’attribution du nouveau
numéro.
8.
Le suivi psychiatrique.
La psychiatrisation des personnes transgenre est une hérésie. D’où, entre
autres, les excès coupables des équipes officielles à notre encontre.
En revanche, précisons qu’aucun chirurgien officiant à l’étranger
n’accepte d’opérer sans un certificat d’un psychiatre attestant d’un
suivi d’au moins deux ans et précisant que la personne présente bien des
« troubles de l’identité sexuelle. Il en est de même des juges, pour
une demande de changement d’état civil.
Pour être pragmatique, nous devons donc faire avec, en attendant des jours
meilleurs pour la transidentité…
Précision importante :
Une personne transgenre ne va pas voir un psychiatre pour « solliciter
l’autorisation d’être », elle y va parce qu’elle « est »,
et pour que cette réalité apparaisse naturellement comme une évidence.
L’important, est-il utile de le préciser, étant de consulter sous identité
visible et assumée du genre ressenti.
Conseil :
consulter de préférence un psychiatre de genre féminin, car généralement
plus ouvert. Au-delà de leurs compétences indéniables, ces messieurs traînent
encore bien trop souvent des préjugés inavouables.
ETT n’a pas de liste de psychiatres à proposer.
Tout psychiatre qui prétendrait que la transidentité est une pathologie,
n’est qu’un charlatan doublé d’un malhonnête. Changez-en, sans perdre de
temps.
Lorsque
l’opération n’est pas envisagée, cette démarche est à priori inutile,
encore qu’il est prudent de ne rien négliger, car ce « suivi »
peut se révéler déterminant si l’on envisage de déposer, à terme, une
demande de changement d’état civil au TGI.
(Cf. rubrique 12)
Autrement dit, quelques visites à un psychiatre restent relativement inévitables
si on souhaite échapper à des problèmes bloquants pour la suite du processus
de transition.
En consultation, il est inutile de passer son temps à évoquer sa transidentité
comme d’un problème… Lui faire part des succès rencontrés, des avancées
de la transition. S’il est un endroit où il convient de s’assumer fièrement,
de positiver et de ne surtout pas se victimiser, c’est bien là.
Essayer d’espacer au maximum les consultations, en accord avec la
psychiatre. Rappel : les équipes officielles reçoivent
trimestriellement…
Au terme du suivi, la transidentité étant une évidence, l’attestation ne
saurait être refusée. Quoi que…
C’est tout de même extraordinaire que les personnes transgenre soient les
seules au monde à devoir s’enquérir d’un certificat attestant qu’elles
sont ce qu’elles savent pertinemment qu’elles sont !
9.
L’environnement professionnel
Être intégré(e) professionnellement conformément à son genre ressenti est
une garantie de réussite pour la phase ultime de la transition (Cf. rubrique
12).
C’est le lieu qui consacre quasi officiellement la reconnaissance
sociale.
La relation en milieu professionnel est extrêmement complexe. Souvent faussée
par la compétition forcenée, les ambitions tenaces, les objectifs sacrés, les
peurs prégnantes, les jalousies rampantes, la hiérarchie pesante, etc. Dans
tout cela, une personne transgenre, doit se faire une place, avec sa différence
en plus…
Ce qui suit ne saurait être exhaustif. Là encore, les cas de figures sont
multiples. Les qualités relationnelles des parties prenantes sont essentielles
et peuvent revêtir des aspects plus ou moins positifs selon les situations.
Personnes
ayant un contrat de travail en cours :
Une personne dont l’expertise professionnelle est reconnue et appréciée se
son employeur a plus de chance de réussir son coming out qu’une personne
n’apportant encore aucune plus value à l’Entreprise. Cela ne signifiant pas
qu’une personne jeune et débutante dans son emploi n’a aucune chance d’être
acceptée (pour ne pas dire tolérée…). Elle rencontrera seulement un peu
plus de résistance… L’idéal est peut-être d’acquérir un peu
d’ancienneté avant de se révéler.
Conseil :
Avant d’envisager un coming out en Entreprise, bien s’assurer qu’on y est
absolument prêt(e), c’est à dire crédible dans le rôle du genre ressenti
et très fort(e) moralement. Le jour du coming out auprès de la DG ou DRH, ne
pas se présenter en victime ! Être simplement soi-même. Argumenter
sobrement et simplement… avec le cœur.
L’intégration « réussie » en Entreprise n’est pas une garantie
de tranquillité à vie.
Contrairement à ce qu’on peut lire parfois, les cas de discriminations ne
sont pas rares.
Ils prennent simplement des formes larvées qui ne veulent pas dire leur nom.
En cas de discrimination avérée, on peut faire appel aux syndicats. Sauf à
travailler dans une grande société où les syndicats sont nombreux et structurés,
d’expérience, c’est de la pure fiction que de croire à leur réactivité
et à l’efficacité de leur soutien.
Ne pas démissionner : Saisir les Prudhommes en cas de discrimination avérée.
Personnes en recherche
d’emploi :
En cours de transition :
les chances d’obtenir le poste sont quasiment nulles.
On ne fait qu’ajouter à la longue liste des discriminations ordinaires (âge,
patronyme, handicap, physique, etc.)
Transition terminée :
Inutile de s’illusionner, on reste toujours dans la catégorie des personnes
discriminées, même armé(e) d’un bon CV.On est toutefois plus « identifiable »,
la civilité étant clairement officialisée.
L'article L1132-1 du code du travail rend la discrimination
à l'embauche illégale.
C’est bien, mais quelle hypocrisie ! Cette loi est si souvent contournée
et intentionnellement ignorée par les employeurs que c’en devient un véritable
sport national. Combien d’employeurs sont-ils condamnés pour de tels délits ?
Une personne transgenre, à l’instar de n’importe quelle autre catégorie de
personne discriminée, peut toujours faire valoir ses droits en s’appuyant sur
l’opinion (medias). Mais pour une qui aura la « chance » de capter
l’attention de ladite opinion, à laquelle s’ajoutera une dépense d’énergie
de plusieurs mois en poursuites judiciaires, sans pour autant trouver un emploi,
combien resteront dans la culpabilisation, dans l’ombre du rejet ?
Un peu de réalisme suffit à comprendre que l’opinion est majoritairement
indifférente et que nombre de patrons préfèrent payer une amende plutôt que
de céder aux personnes qu’ils discriminent.
Il
ne convient pas de noircir le tableau à dessein. Il y a, dans le milieu
professionnel, de nombreux cas d’intégrations réussies. Il faut aussi s’en
réjouir. Et garder l’espoir.
Lire : Coming-out professionnel
10. La rééducation vocale
(concerne les MTF)
Lire :
Rééducation
vocale
11.
L’opération
Rappelons d’abord que toutes les personnes trans n’éprouvent pas forcément
le besoin d’une opération génitale car la transidentité est avant tout liée
à une dysphorie de genre. Considérer qu’une « vraie »
trans ne peut accéder au statut féminin qu’à la seule condition de désirer
ardemment une chirurgie, n’est qu’un concept normatif et abusif des délires
anti trans de psychiatres déviants, issus d’équipes officielles.
Laissons-les à leurs élucubrations.
Bénéficier d’un traitement hormonal et mettre en adéquation son apparence
physique avec son genre ressenti peuvent souvent suffire à l’équilibre de la
personne concernée.
Et pour
la partie de celles qui souhaitent accéder à cette opération (vaginoplastie),
elles sont souvent obligées d’en différer l’acte, en raison de difficultés
financières passagères ou durables.
Pour cette catégorie de personnes, la rubrique suivante leur apportera quelques
précisions utiles pour conserver l’espoir d’une issue favorable.
La
vaginoplastie :
Les meilleurs spécialistes sont vraisemblablement en Thaïlande (c’est juste
un avis).
En Europe, on en trouvera au Royaume Uni, en Allemagne ou encore en
Belgique.
Le coût est variable et –hélas- évolutif d’une année à l’autre… Au
tarif en vigueur pour l’opération, il convient d’ajouter les frais de
voyage et les frais de séjour pendant un mois.
Une prise en charge partielle ou totale de l’opération par la CPAM est
envisageable, même pour une opération hors CEE, en dépit de certaine
assertions ; mais il faut savoir que ça reste une loterie selon les régions.
Considérer cette démarche comme une hypothèse et non comme une assurance tous
risques : Dès lors que la date d’opération est connue, en accord avec
le chirurgien choisi, il est vivement conseillé de constituer un dossier motivé,
circonstancié, à remettre en mains propres au médecin conseil régional de
Même si la décision finale de prise en charge se prend au niveau du médecin
conseil national, c’est toujours le premier cité qui joint ses
commentaires.... être connu(e) de lui peut être un atout à ne pas négliger.
Ne jamais oublier que faire sa transition, c’est aussi pratiquer le
« public relation… »
Comme quoi, en dépit d’un protocole soi disant impératif et incontournable,
cette administration prend parfois en charge les opérations… hors protocole
officiel et même parfois hors CEE.
12.
Le changement d’état civil
Comme pour toutes les étapes d’une transition, il convient de mettre un
maximum d’atouts de son côté en constituant le dossier avec un soin
particulier.
Elle doit intervenir si possible en phase ultime de la transition.
Certains se
plaignent d’être déboutés. C’est souvent faute d’avoir présenté un
dossier cohérent et parfois de n’avoir pas saisi un avocat suffisamment motivé.
Aussi parce que la demande est prématurée, donc difficilement recevable.
Le nombre de témoignages atteste de la notoriété. Il est
un atout pour la recevabilité de la requête. Le soutien de la famille est
apprécié.
*** L’attestation
de vaginoplastie n’est pas obligatoire. Même si l’issue est plus
incertaine, on peut parfaitement et contrairement à ce qu’on peut lire sur
certains sites, ne pas être (encore) opérée et présenter, par l’entremise
de son avocat, une demande circonstanciée de changement d’état civil. Des
cas de plus en plus nombreux de jugements favorables font désormais
jurisprudence.
A charge pour l’avocat de s’en servir à bon escient pour sa plaidoirie.
Les
honoraires sont variables… Difficile de les évaluer. Ils sont dans tous les
cas proportionnels au temps de travail de l’avocat. 1500 euros constituent une
moyenne probable…
En cas de non imposition, une demande d’aide juridictionnelle partielle ou
totale est possible. La demande est faite par l’avocat conjointement à la
constitution du dossier.
La réponse intervient sous 4 à 6 semaines environ.
Une fois le dossier correctement renseigné, l’avocat dépose la requête de
changement d’état civil auprès du Tribunal de Grande Instance de la ville de
résidence.
Le délai
d’attente pour la convocation initiale (plaidoirie) est variable selon les
villes et probablement aussi selon le degré d’encombrement de la justice…
Tours : 4 mois environ.
A l’issue de la plaidoirie, il est bien rare que le procureur ne réclame pas
une expertise…
Le délai
d’attente du jugement est également variable selon les villes.
Tours : entre 2 et 3 mois.
1.
L’expertise
n’est pas retenue par le juge.
La requête est acceptée : L’acte de naissance est définitivement
modifié.
Il faut compter de 8 à 10 semaines avant que le jugement soit adressé par le
TGI à la Mairie de naissance.
2. La demande est rejetée : Le tribunal nomme deux experts (un médecin légiste et un psychiatre).
Coût supplémentaire :
compter environ 700 à 1000 euros d’honoraires.
Le délai d’attente pour la convocation par les experts est variable là
aussi…
Tours :
6 mois environ.
Ajouter à cela une nouvelle attente toujours variable de 2 à X mois, liée à
la disponibilité des experts.
Avec ou
sans opération, une expertise médicale ne peut pas être vécue autrement que
comme une immense humiliation qui s’ajoute...
A l’issue de l’expertise, compter encore un délai de 2 à 3 mois. Le compte
rendu de l’expertise est adressé conjointement au TGI, à l’avocat et au
requérant.
Compter
enfin de 2 à 4 mois pour le jugement final…
*****
Il
n’est si bonne compagnie qui ne se quitte - Où l’on va donc conclure
Voilà,
cette page ici s’achève.
Je la
sais incomplète ; je la crois volontiers imparfaite. Ça valait pourtant
la peine d’essayer… Je l’ai
dit plus haut : je n’ai pas la réponse
à tout. En toute humilité, je propose un peu d’aide en m’appuyant sur une
expérience, celle de ma propre transition et ce qu’elle m’a révélé.
J’espère
que cette page apportera au plus grand nombre, une contribution utile, sinon
pour entamer une transition, du moins pour y réfléchir posément.
Devons-nous
oser prendre le risque de partir à la découverte de nous-mêmes ?
D’autres
ont répondu un jour à cette question.
On fera
comme on le sent au fond de soi-même ; chacun(e) donnera le sens qui
convient le mieux à sa vie, à la mécanique de son propre destin.
Je sais
qu’il est simple de poser sur le papier quelques recommandations, si avisées
soient-elles. Et je sais aussi combien la réalité de chacun(e) peut se parer
de teintes différentes.
Une
transition ne se termine jamais. Elle répand parfois des ressentiments résiduels
qui vont s’insinuer, à plus ou moins long terme, là où on les attend le
moins. Il ne faut jamais baisser la garde… jamais.
*****
« Libération
n’est pas délivrance. On sort du bagne, mais pas de la condamnation. »
*****
Une
transition renseigne énormément sur la nature humaine, avec sa part de
meilleur et son indécrottable part de pire. Elle a, somme toute, énormément
de progrès à faire…
Comprendre
avant de juger, tel est son challenge !
Je n’y
crois plus trop personnellement et laisse cette utopie à d’autres…
A terme,
on a une petite famille, mais ce n’est plus forcément la même.
Quelques
amis : mais pas les mêmes non plus.
On ne
perd pas au change, en dépit des peines résiduelles que le temps adoucit.
Le plus
important, au final, étant de se sentir bien dans son corps. Simplement bien.
On me
parle parfois de « l’éveil des consciences ».
Le
militantisme y contribue sans nul doute.
Je reste
persuadée que rien ne remplace la visibilité et l’intégration sociale,
ouvertement et pleinement assumées par le plus grand nombre. Ça c’est
vraiment du concret au quotidien. Alors si ça vous dit malgré toutes les
vicissitudes.
*****
« Mon
identité, c’est ce qui fait que je ne suis identique à aucune autre
personne.
Défini ainsi, le mot identité est une notion relativement précise et qui ne
devrait pas prêter à confusion. A-t-on vraiment besoin de longues démonstrations
pour établir qu’il n’existe pas et ne peut exister deux êtres identiques ?
*****
Patience
et persévérance.
Une
transition, ça va se chercher en écartant les ronces à mains nues.
Ça ne
se mendie pas.
Ne
jamais perdre de vue qu’il y a, malgré les barrières dressées, une jolie
part de bonheur à cueillir. Cette part vous appartient.
« Vivez si
m’en croyez, n’attendez à demain,
Cueillez dès
aujourd’hui les roses de la vie »
*****
Pour
achever sur une note lumineuse, acceptez ceci ; juste pour vous :
« Vous êtes
pareils à une fleur qui pousse à l’ombre ; la douce brise vient porter
votre graine dans la lumière du soleil, où vous revivrez dans la beauté.
Vous êtes pareils à
l’arbre nu qui ploie sous la neige en hiver ; le printemps viendra étendre
sur vous son manteau de verdure ; et la Vérité déchirera le voile de
larmes qui dissimule vos rires.
»
*****
Avec la complicité littéraire de :
Haruki MURAKAMI
Oriana FALLACI
Rainer Maria RILKE
Philippe
LABRO
Antoine de SAINT-EXUPERY
Philippe BESSON
Yann APPERRY
Friedrich NIETZSCHE
Philippe
DJIAN
Thomas de
QUINCEY
Anny
DUPEREY
Amin
MAALOUF
Pierre de
Ronsard
Armistead MAUPIN
Victor HUGO
Khalil
GIBRAN
Actualité
transgenre :
En mai
2009, au plus fort de la saison des marches LGBT, la ministre de la
Santé annonçait avoir soumis à
Dernière
heure :
Au
moment où nous mettons cette page en ligne, nous apprenons par la presse que
les trans ne sont plus des « malades mentaux », suite à la
publication d’un décret au JO du 10 février 2010. Ce décret annoncé avec
les tambours médiatiques reclasserait la transidentité des ALD 23 (affections
psychiatriques longue durée) à l’ALD 31 (maladies rares).
Quid
de la prise en charge actuelle et à venir ?
Quid
de la dépsychiatrisation effective de la transidentité dans ce décret ?
Sauf que
nous passons « sans transition »
des maladies mentales aux maladies rares, il y a tout lieu de penser que les
trans continueront à être soumises au suivi psychiatrique… Tout lieu de
penser que le « coup médiatique » de la ministre de la Santé vise à
durcir les conditions de remboursements des trans…
Des
trans, pas folles, qui ne sont pas dupes.
Sauf un
mauvais coup de plus porté à la transidentité, rien de fondamentalement changé
dans notre pays…
…Encore moins le contenu de cette page résolument actuelle.
©
Samantha
Paul, le 12 février
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